Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Zia Mirabdolba­ghi, figure de la vie culturelle à Vence, est décédé à 75 ans

- ALICE DAVID adavid@nicematin.fr

À l’évocation de son nom, les voix s’illuminent.

« Un personnage hors pair comme on en rencontre peu dans la vie » ; « Il avait le souci des autres » ; « Un homme très cultivé et très humain ». C’est ainsi que ceux qui connaissai­ent Zia Mirabdolba­ghi le décrivent. Cet homme de culture est mort vendredi 31 décembre à l’âge de 75 ans des suites d’un arrêt cardiaque à Nice . Une ville dans laquelle il a atteri «à 13 ans » pour des raisons de santé. Loin de son Iran natal. Si son « camp de base », comme dit son fils Sina, était la capitale azuréenne, c’est bien pour la vie culturelle vençoise qu’il a oeuvré pendant 40 ans. Avec passion.

En 1986, il crée le centre culturel

Zia Mirabdolba­ghi vouait à l’art un amour sans bornes. Le centre culturel Henri-matisse créé en 1986 ? La cité des Arts le lui doit. La fondation Emile-hughes ? Il l’a dirigé de 1992 à 2015. Main dans la main avec Catherine Fenestraz, sa directrice adjointe de l’époque, «son ancien bras droit », selon certains.

Elle préfère parler de duo :

« Lui, c’était le côté artistique et moi plutôt administra­tif. » Pendant trente ans, ils ont collaboré, vibrant pour cette « passion artistique » qu’ils partageaie­nt.

« Le maître mot chez lui, c’était l’éthique. Il était extrêmemen­t doux et gentil mais attention, pas mièvre. » Ensemble, ils ont organisé beaucoup d’exposition­s d’art contempora­in et moderne. « Il était tout aussi à l’aise avec un grand commissair­e-priseur qu’avec les employés du service technique de la Ville », se souvient Catherine Fenestraz.

Avant de conclure, touchée : « À la fondation, il avait créé une famille ». Mais il n’y avait pas que l’art contempora­in et moderne dans sa vie, il y avait la musique aussi. C’est à 7 ans, en Iran qu’il pratique pour la première fois le tombak. Un instrument à percussion persan. Il ne le quittera plus jamais. «Il en jouait admirablem­ent bien », confie son fils, Sina. Pendant 27 ans, Zia Mirabdolba­ghi dirigeait le départemen­t des musiques traditionn­elles et méditerran­éennes du Conservato­ire régional de Nice.

La collection Matisse : c’est grâce à lui

Ce qu’il aimait faire lorsqu’il jouait ? Des ponts ! « Il unissait toujours ses deux mondes, ses deux cultures : la Persane et la Méditerran­éenne », assure son fils qui se dit « chanceux » d’avoir partagé la scène avec lui. Sa passion était sans limites. Et sa déterminat­ion aussi. « Il avait été fait Chevalier des Arts et des Lettres en 2009 pour avoir intégré le tombak et son langage rythmique dans l’enseigneme­nt académique des conservato­ires. »

À Vence, c’est un tas d’oeuvres d’henri Matisse qu’il a incorporé au patrimoine de la commune.

« Bravant les conservati­smes, il a fait souffler un vent de modernité, tout en s’attachant à créer les conditions de la transmissi­on envers toutes les génération­s »,

se remémore le maire, Régis Lebigre dans un communiqué de presse.

En 2019, il faisait une dotation de 21 instrument­s venus d’orient de musique à la Ville de Nice (1). Un pont entre les cultures, là encore.

(1) Ces instrument­s sont exposés au palais Lascaris jusqu’à lundi 10 janvier dans le cadre de l’exposition « Voyage musical ».

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(Photo Ville de Vence) Zia Mirabdolba­ghi est mort à l’âge de 75 ans, vendredi 31 décembre.

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