Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
De l’hypocrisie à la médiocrité
En ce début d’année, rêvons un peu. Et si, à l’instar de nombre de nos grands voisins européens, nos femmes et hommes politiques étaient capables de débattre démocratiquement de sujets d’intérêt national sans vice ni amateurisme ? La simple évocation du nombre de morts – 124 000 à ce jour – du Coronavirus en France devrait à elle seule les ramener tous à la raison. Sans union, ou pour le moins, sans compromis, point de salut. Mais la double conjoncture d’une campagne présidentielle qui démarre sur les chapeaux de roues et d’un personnel politique tricolore plus enclin à déglinguer ses adversaires qu’à faire preuve de responsabilité, risque bien d’anéantir tous nos rêves... Pour preuve, le triste spectacle offert par la représentation nationale au Palais Bourbon lundi soir peu avant minuit. Fruit de l’amateurisme d’une majorité trop sûre d’elle et d’une « Amicale de l’irresponsabilité » – comme l’a peu aimablement mais assez justement qualifiée Gabriel Attal – des oppositions, l’examen du projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal a été interrompu manu militari.
Pour tenir le délai d’un examen en deux séances des 600 amendements déposés, le ministre de la Santé a sollicité des députés la possibilité de prolonger la séance au-delà des 12 coups de minuit.
Faute de réunion préalable entre les présidents de groupe et le président de séance (La LR Annie Genevard en l’occurrence), ce qui se fait traditionnellement, la demande a été soumise à un vote à main levée. Telle une volée de moineaux, les députés de toutes les oppositions ont regagné l’hémicycle pour emporter la décision d’une interruption de séance sous les yeux incrédules d’une poignée minoritaire de députés de la majorité. Un camouflet. Et une situation ubuesque de voir cette alliance de la carpe et du lapin entre Insoumis, socialistes, écolos, Républicains et extrême droite bloquer si ce n’est le vote, tout au moins la discussion sur un tel enjeu de santé publique !
La palme de la duplicité revenant de loin aux LR qui majoritairement se disent favorables au pass vaccinal tout en en bloquant la mise en place. Et celle de la sottise à la majorité présidentielle, incapable de mobiliser ses troupes pour s’assurer du bon déroulement de la séance.
Dans ce capharnaüm de médiocrité
« Une majorité trop sûre d’elle et une opposition peu responsable »
et d’hypocrisie, il y a pourtant une voix qui, lundi soir à l’assemblée, aurait dû ramener tout ce petit monde à la raison : celle de Raphaël Gérard. Portant en bandoulière un respirateur artificiel, le député LREM de Charente-maritime, victime d’un Covid long, a tenté de convaincre ses congénères : « Ma liberté, ce sont ces
30 cm de câbles et 3 kilos de matériels que je porte dorénavant 24h sur 24 sur moi. Et lorsque je monte dans un train, je me fiche bien de savoir si je vais pouvoir manger des cacahuètes, mais si j’en sortirai vivant ! »
Son émouvant plaidoyer pro-pass vaccinal n’a visiblement pas été entendu par tout le monde ....