Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
L’arbousier, un arbre qui ne manque pas d’intérêt
L’association Forêt Modèle de Provence mène, avec le parc régional de la Sainte-baume, un projet de recherche sur la valorisation de toutes les composantes de cette essence méditerranéenne.
Si « tout est bon dans le cochon » selon l’expression attribuée au gastronome Brillat-savarin, certains en espèrent autant s’agissant d’un végétal, l’arbousier. Racine, bois, feuillage, écorce, fruits, fleurs… Une étude sur toutes les composantes de cette essence méditerranéenne est en cours. Elle est lancée par l’association Forêt Modèle de Provence (FMP), créée en 2013 à l’initiative de la Région, avec le parc naturel régional de la Saintebaume.
« On s’inspire du réseau portugais où la valorisation de l’arbousier est une réalité. Ils en font même de l’eau-de-vie… Il y a là-bas une coopérative de producteurs d’arbouses, un musée de l’arbousier », précise Nicolas Plazanet, coordinateur et chargé de mission pour FMP. Mais ici, on l’utilise peu, excepté pour produire du miel et de la confiture. Il a pourtant bien des qualités…
Il se régénère vite après un incendie
Poussant sur l’ensemble du pourtour méditerranéen près des chênes-lièges, dans le Var son peuplement est très présent naturellement sur sol siliceux, dans l’estérel, les Maures, et le bas de la Sainte-baume.
Ce petit arbre ne manque pas d’intérêt dans ces massifs, où le risque d’incendie est important. « L’arbousier est considéré comme pyrophyte, c’est une espèce qui se régénère rapidement après les feux et reconstitue un couvert végétal permettant de lutter contre l’érosion des sols, tout en maintenant les populations d’abeilles en étant l’une des rares essences à fleurir en novembre et décembre », remarquet-il. Et dont les oiseaux se nourrissent des fruits au même moment.
Des recherches uniques en cosmétologie
FMP finance également des recherches en cosmétologie « et c’est unique », souligne Nicolas Plazanet. Ainsi depuis deux ans, elle travaille avec le laboratoire Nissactive,
qui apporte son expertise dans le domaine des ingrédients naturels. Implantée à Grasse, cette structure, dépendant de l’université de Nice, a fait une première recherche bibliographique sur ce qui existe au niveau des brevets. Elle a mené ensuite des investigations sur les différentes substances de l’arbousier pour voir quelles composantes pourraient entrer dans le développement d’actifs cosmétiques innovants.
« Il en ressort que les molécules du feuillage et de l’écorce ont des propriétés anti-âge intéressantes. Cela a conduit à une deuxième phase visant à développer des ingrédients cosmétiques. C’est plus coûteux, et si c’est validé, il devra y avoir des tests d’innocuité pour un produit cosmétique à l’horizon trois ans », annonce-t-il. L’affaire est en discussion avec plusieurs entreprises prêtes à commercialiser et à financer cette production « à façon ».
Tout une filière peut ainsi se construire sans surexploiter la ressource, en mobilisant du bois d’arbousier récupéré grâce à des coupes effectuées dans le cadre de la défense de la forêt contre l’incendie ou pour sécuriser des routes.
Et ce, avec des partenaires comme L’ASL Suberaie varoise pour le massif des Maures, L’ONF et le centre régional de la propriété forestière pour la Sainte-baume. « Dans les plans de gestion, l’arbousier n’était pas jugé si intéressant. C’est le contraire, il faut maintenir son peuplement pour une vraie économie circulaire », relève Nicolas Plazanet.