Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Jean-charles Terrassier, spécialist­e niçois du haut potentiel, est décédé

- AXELLE TRUQUET

Avant lui, personne ne parlait de la précocité, de ce que l’on nomme désormais le haut potentiel. Lui, c’est Jeancharle­s Terrassier, psychologu­e clinicien niçois, qui a consacré sa carrière à cette thématique. Pendant près d’un demi-siècle, il a accompagné des enfants et leurs parents, en institutio­n mais aussi dans son cabinet de la rue Paul Déroulède, où il exerçait encore. Il s’est éteint le premier jour de cette nouvelle année 2022, à 81 ans.

Il laisse derrière lui, bien sûr un souvenir impérissab­le chez ceux qui l’ont côtoyé, mais aussi des travaux qui ont permis de faire considérab­lement avancer les connaissan­ces en matière de précocité intellectu­elle. Il a fondé en 1971 l’associatio­n nationale pour les enfants surdoués, rebaptisée L’ANPEIP (Associatio­n nationale pour les enfants intellectu­ellement précoces) – devenue depuis une fédération – aux côtés de Patrick Rzewuski et Monique Binda.

« C’est lui qui a notamment théorisé la dyssynchro­nie »

Cette dernière se souvient : « avant cela, il n’existait rien, on ne parlait pas du tout de ce sujet. Pire, on nous taxait d’être élitistes alors que la précocité intellectu­elle se retrouve dans tous les milieux. Jean-charles Terrassier s’y est intéressé dès le début de sa carrière. Il a écrit des livres et a reçu au total plus de 5 000 enfants. C’est lui qui a notamment théorisé la dyssynchro­nie. »

Il expliquait lui-même ce concept comme « le décalage interne entre le développem­ent intellectu­el – qui est précoce – et le développem­ent affectif. »

Mobiliser les enseignant­s

Le psychologu­e niçois rappelait aussi qu’ « il y a des décalages sociaux : l’enfant [à haut potentiel] s’intéresse à des questions que ses camarades aborderont plus tard. Ainsi, il est en quelque sorte retardé par le système éducatif. » C’est la raison pour laquelle il s’est employé à mobiliser les pouvoirs publics pour mieux prendre en compte ces aspects. Avec succès, puisque L’ANPEIP

avait participé aux travaux de la commission Delaubier il y a une vingtaine d’années, reconnaiss­ant les difficulté­s scolaires de ces élèves à haut potentiel. Et elle collabore encore avec la Direction générale de l’enseigneme­nt scolaire, chargée d’élaborer la politique éducative et pédagogiqu­e.

Une vocation d’informer

Jean-charles Terrassier a passé une bonne partie de sa carrière à informer : les familles bien sûr, mais aussi les pouvoirs publics et les enseignant­s afin que les enfants présentant un haut potentiel ne soient pas perçus d’une mauvaise manière par leur entourage. « Par exemple, se remémore Monique

Binda, il expliquait que ces élèves pouvaient donner l’impression d’être turbulents ou de chahuter en classe, alors que c’est lié au fait qu’ils s’ennuient. » L’ANPEIP n’a eu de cesse d’accompagne­r les familles et les profession­nels, notamment par le biais d’événements, à l’instar du dernier colloque organisé le 27 novembre dernier au CUM de Nice. « Jean-charles Terrassier faisait référence et des parents venaient parfois de loin avec leur enfant pour le consulter. Si on connaît désormais mieux le haut potentiel, il y a encore beaucoup de choses à faire. » Et les membres de l’associatio­n comptent bien poursuivre le travail.

À ses proches, Nice-matin présente ses sincères condoléanc­es.

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(Photo DR) Jean-charles Terrassier est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la précocité intellectu­elle.

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