Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Tir dans la jambe à Nice : un passeport qui disculpe
Mike M., 32 ans, est un colosse qui porte sur ses larges épaules déjà 26 condamnations et 9 ans de détention. Il fait face à la présidente Audrey Albertini pour répondre de violences aggravées avec arme. L’affaire remonte au 26 août 2017, à 18 heures, rue Léonjouhaux, dans le quartier de l’ariane, à Nice. Un homme « athlétique », selon une voisine témoin des faits, s’approche d’une Smart. Il tire un coup de feu en direction du passager, un certain Messim M. La voiture démarre en trombe. La victime, jeune repris de justice, est blessée à une cuisse. Il est évacué par ses amis vers Marseille dans une BMW sans passer par l’hôpital. Il est actuellement détenu à Lyon et a mandaté Me Delfont, un avocat rouennais, pour réclamer des dommages et intérêts. « Athlétique le tireur ? Sauf son respect, mon client est taillé en U plutôt qu’en V », ironise Me Audrey Vazzana, l’avocate du prévenu qui dépasse allègrement les 100 kg.
Des questions sans réponse
Les débats s’éternisent. Les charges sont minces dans cette affaire considérée, à l’origine, comme une tentative de meurtre. La victime n’a pas vu son agresseur, ne coopère pas avec les enquêteurs. L’accusation s’appuie sur les déclarations de la voisine qui, terrorisée, n’a pas souhaité être réentendue par les enquêteurs. Mike a su quelques semaines plus tard que la rumeur publique le désignait comme l’agresseur. L’avocat
de la partie civile s’étonne : « Pourquoi vous êtes-vous enfui si vous n’avez rien à vous reprocher ? » « Je ne comprenais pas pourquoi mon nom était cité alors que la plupart des protagonistes, je ne les connais pas. Je suis reparti en Tunisie. Et puis je suis revenu. Je veux voir grandir mes enfants. »
« Il encourait tout de même la perpétuité », rappelle Me Vazzana, pour justifier cette cavale. « Il y a beaucoup de questions sans réponse dans ce dossier d’instruction insatisfaisant », coupe la présidente Albertini. Mike M. précède la plaidoirie de son avocat et rappelle qu’il est innocent. Il décrit sans pathos son enfance dans la rue à La Trinité, livré à luimême. « J’ai appris la sociabilité en détention. Ma famille, c’était le bordel, Madame