Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
L’arrivée des gens du voyage inquiète les riverains
Hier, 110 caravanes se sont installées sur le terrain privé du domaine d’argeville, à Mougins, réquisitionné par l’état. Les habitants du secteur, classé en zone rouge, alertent sur le risque d’incendie.
Ils ont le sentiment de n’être les bienvenus nulle part. « Évidemment qu’on le vit mal, mais on a fini par s’y habituer. » Nathanël et son épouse Patricia, venus de Pierrefeu-du-var, sourient jaune. « C’est comme ça, on ne peut rien y faire. »
Le couple insiste : aucun risque ne sera pris sur ce terrain privé du domaine d’argeville à Mougins, classé en zone rouge au Plan de prévention des risques mais réquisitionné par l’état, sur lequel il a installé sa caravane, hier matin, pour quinze jours. Comme eux, les soixantecinq autres familles de gens du voyage, filtrées à l’entrée du camp par les organisateurs lors de leur arrivée et surveillées par les gendarmes, devront porter la même attention. D’autant que chaque caravane à double essieu paye une redevance de 20 euros par semaine.
« Notre priorité, c’est la sécurité »
« Nous avons été briefés sur le sujet avant d’arriver. Personne n’a le droit d’allumer du feu. Pas de grillade, ça c’est sûr ! », précisent Patrica et Nathanaël. Le responsable du groupe, Franck Michelet, a d’ailleurs prévu « trois réunions dans la semaine » pour en discuter avec chacun d’eux. Même s’il balaye toute crainte en termes de risque incendie : « On n’a pas peur. » Contrairement aux habitants d’argeville, toujours aussi inquiets par leur arrivée, qui s’est déroulée exactement comme prévu.
Bras croisés, Sylvie Pasero et Flore Piccaso, responsable du centre équestre, ne quittent pas leurs nouveaux voisins d’un oeil. « Notre priorité, c’est la sécurité et la préservation de cet endroit. Si un feu se déclare, ce serait nous, riverains, qui serions les derniers à sortir du domaine puisqu’ils nous bloqueront avec leurs caravanes… », anticipent-elles, sans prendre la peine d’imaginer la suite. « C’est un endroit auquel nous faisons tellement attention. Comment peuton les laisser s’installer ici ? Personne ne va nous faire croire qu’aucun d’entre eux n’allumera une cigarette ! »
« Grand risque pour la faune sauvage »
Pierre Baillon-dhumez, propriétaire du terrain boisé qui avait déjà été réquisitionné l’an passé pour accueillir 77 véhicules, n’en démord pas non plus. « On parle tellement d’écologie en ce moment, et pourtant, on les installe sur une zone classée rouge ! s’insurge-t-il. D’autant que le Plan de prévention des risques de la ville de Mougins interdit toute création et extension de camping, et là, on nous impose un camping sauvage en pleine période de sécheresse. » C’est simple, ajoute-il : «On ne peut pas être en plus grande alerte que maintenant. »
D’autant que leur présence représente « un grand risque pour la faune sauvage »,
selon lui. « C’est la période où l’on voit des bébés. C’est les mettre en péril ! » L’association Soliha, au service des gens du voyage pour la gestion de leur accueil, apportera la plus grande attention au camp. « On sera toujours là pour surveiller et les rappeler à l’ordre s’il y a un manquement, confie le coordinateur. Mais c’est un groupe tranquille, tout va bien se passer. »