Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
La Niçoise partie dans un camp syrien n’est pas rentrée
Deux avions français ont atterri à Paris mardi. À bord : 35 enfants et 16 mères partis en Syrie, au coeur de l’état islamique, et détenus depuis dans des camps. Mais Andrea n’en faisait pas partie. Son père témoigne.
Cela va faire bientôt huit ans qu’il espère le retour de sa fille, Andrea, aujourd’hui âgée de 35 ans, partie avec dix autres Niçois en Syrie. Huit ans qu’il attend de revoir ses deux petits-enfants, deux garçons, envolés alors qu’ils n’avaient que 6 et 4 ans. Et de mettre les yeux pour la première fois sur sa petite-fille née là-bas en 2016, et qu’il n’a jamais vue…
Ivano a espéré, lorsqu’il a appris que deux avions affrétés par le Quai d’orsay avaient ramené 35 enfants et 16 mères détenus jusqu’alors dans les camps de prisonniers syriens. Espéré, lorsque Christian Estrosi, trompé par une source, a déclaré, mercredi matin sur RTL, qu’andrea était de retour. « Elle n’était pas dans l’avion, j’ai réussi à avoir des nouvelles, elle est toujours à Roj », souffle ce papa qui se bat depuis 2014 pour le retour de sa famille.
« La justice saura étudier l’implication de chacune »
Cette année-là, un matin de septembre, Andrea, ses deux enfants et son concubin Oussama – qui était surveillé par la police, car considéré comme un proche d’omar Diaby, le recruteur de djihadistes azuréens –, prennent la route avec la mère d’oussama, ses deux soeurs et leurs maris. Et deux autres enfants.
« Le maire de Nice a aussi dit sur RTL que le compagnon de ma fille était responsable du départ de 40 Niçois pour le djihad, il s’est trompé », tient à rectifier Ivano.
Blessé, écoeuré aussi qu’on puisse souhaiter qu’andrea, le jour où elle sera rapatriée par Paris, soit condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité. « J’ai confiance en la justice de mon pays. Avant de parler de la peine qu’elle mérite, laissons faire la justice. Elle saura étudier l’implication de chacune des femmes parties en Syrie, on ne peut pas juger avant de savoir. Pour le moment, ma fille est seulement coupable d’avoir suivi son mari là-bas », précise l’azuréen.
Les enfants de sa belle-soeur rapatriés
Qui se souvient : « Avec mon avocat, nous avions porté plainte pour enlèvement, avec tous les témoignages de voisins et amis qui attestaient qu’oussama la tabassait quotidiennement. » Il n’avait rien vu : Andrea « gardait tout pour elle ». « Ma fille ne vivait que pour sa famille et pour les animaux », sourit-il, avant de lancer : « Je souhaite tellement qu’elle soit dans les prochains retours avec ses enfants. »
Andrea avait été arrêtée en mars 2019 avec ses deux petits garçons et sa fillette. Ils avaient été transférés dans le camp de prisonnier d’al-hol, avec les deux enfants de sa belle-soeur décédée. La Niçoise et les cinq enfants avaient ensuite été emmenés au camp de détention d’al-roj. Les deux orphelins faisaient partie des rapatriés en France, ce 5 juillet.