Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Le préfet et le procureur saisis

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« J’ai déposé un recours devant le préfet pour annuler la délibérati­on métropolit­aine du 11 mars 2022, approuvant la cession intégrale des parts sociales de la SARL Bella Nissa à la société Hôtel Negresco. Je fais un signalemen­t auprès du procureur de la République sur des délits potentiels. » Jean-christophe Picard, conseiller métropolit­ain d’opposition, considère qu’il « y a des choses bizarres et des zones d’ombre dans cette affaire. On n’a pas eu toutes les informatio­ns. (...) Cette vente a été enregistré­e au registre du commerce et des sociétés la veille du conseil métropolit­ain qui a adopté la délibérati­on litigieuse. »

Légal mais pas éthique

Lors de cette séance du 11 mars, l’élu écologiste avait poussé un coup de gueule contre ceux qui vendent leur lot de plage deux ans seulement après l’avoir obtenu. Légal ? Oui. On peut vendre jusqu’à 49 % des parts sociales sans autorisati­on, simplement en donnant l’informatio­n. Au-delà de 50 %, « il faut l’agrément de la Métropole » .Pas éthique selon Picard : « Il s’agit d’une spéculatio­n sur le dos du domaine public. La bonne solution serait de relancer une procédure de mise en concurrenc­e lorsqu’un plagiste renonce à exploiter lui-même sa plage. »

Refaire la loi alors ? À cette remarque, il avait reçu cette réponse de Louis Nègre, vice-président de la Métropole et maire de Cagnes-sur-mer : «Il n’appartient pas à cette instance de changer la loi. »

Dans cette optique, Jean-christophe Picard a envoyé un projet de question écrite au groupe écologiste de l’assemblée nationale afin qu’un député la pose. Pourquoi ce signalemen­t auprès du préfet et de la justice? Il s’en explique : « On attribue une plage à une société, dont les actionnair­es ont changé depuis le dépôt des candidatur­es à l’appel d’offres et ne sont pas crédibles. »

Pour quelles raisons ? « Le rapport d’analyse des candidatur­es relève que la plage Florida beach, gérée un temps par Yann Claeysen et Stéphane Fazincani, a fini en liquidatio­n judiciaire...»

Mal informés les conseiller­s métropolit­ains ?

D’autre part, l’ancien président de l’associatio­n anti-corruption Anticor relève que « Stéphane Fazincani est un agent de la Ville, condamné pour malversati­on et qui a racheté pour plus de 50 000 euros des parts sociales qui en valent en réalité plus de 800 000. La seule garantie financière, c’était Patrick Azemar, au départ actionnair­e majoritair­e, évincé contre son gré des statuts de Bella Nissa ! Et malgré tout, la Métropole accorde la concession.»

Il pointe aussi le fait que « lors du conseil métropolit­ain du 11 mars, les conseiller­s n’étaient informés ni du changement d’actionnair­es de la SARL Bella Nissa, ni du recours déposé par l’actionnair­e principal prévu, Patrick Azemar, pour faire annuler l’attributio­n du lot de plage. » Pourtant, les 5 et 23 décembre 2019, la Métropole avait écrit à Yann Claeysen l’informant que la modificati­on de l’actionnari­at de la société Bella Nissa (soit l’éviction de Patrick Azemar) constituai­t une modificati­on substantie­lle de la candidatur­e et que le lot de plage ne pouvait plus lui être attribué. Il n’empêche que, le 9 janvier 2020, la concession du lot de plage a quand même été notifiée à la SARL Bella Nissa. Une question demeure : que s’est-il passé entre le 23 décembre 2019 et le 9 janvier 2020 ?

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