Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« N’oubliez pas les petits paysans »

- M. T.

A la « Ferme des grenouille­s », à Villeneuve-loubet, Fabrice Leroy, maraîcher bio depuis 12 ans, a récolté près de 1,2 tonne de tomates anciennes (coeur de boeuf, marmande, tomates jaunes) la semaine dernière. Il n’est pas le seul. Et ce n’est pas fini. « On galère tous à les écouler », déplore celui qui peste contre les magasins bio, avec qui il travaille habituelle­ment, qui ne jouent pas le jeu.

Les enseignes bio qui ont fleuri dans les villes ces dernières années, boostées par la crise sanitaire et de nouvelles habitudes de consommati­on, subissent aussi de plein fouet la baisse du pouvoir d’achat de leur clientèle. « Surtout l’été, lorsque les “locaux” partent en vacances. Les magasins bio se cassent la gueule, et les discounts cartonnent », analyse Fabrice

Leroy.

Entre producteur­s, la concurrenc­e est parfois rude. Surtout quand des confrères proposent des prix plus bas et emportent le marché. « Je connais des producteur­s, ça faisait des années qu’ils livraient le même magasin bio. On plante pour eux, on planifie pour eux. Alors se faire éjecter du jour au lendemain pour 5 % sur un prix… Entre producteur­s, on devrait se serrer les coudes. »

« Opération spéciale » ce soir et demain

Pour écouler cette production abondante, qui risque de finir à la poubelle, « nous voulons sensibilis­er le consommate­ur, explique le maraîcher villeneuvo­is. Lui dire que ok, la Covid est passée, mais n’oubliez pas le petit paysan qui vous a bien régalés. On a une agricultur­e locale extraordin­aire, c’est extra-frais. On est sur une tomate locale, plus gustative, cueillie le jour J, livrée dans la journée, sans être passée en chambre froide. Alors oui, en circuit court bio, elle est 10 % plus chère, mais vous n’avez quasiment pas de casse. Parce qu’un coup en chambre froide, un coup au chaud puis à nouveau en chambre froide pour la tomate qui vient de plus loin, c’est pas bon. Elle se conservera moins bien. A quoi ça sert de payer moins cher, si c’est pour jeter ? »

Pour tenter d’éviter le gaspillage sans pour autant vendre à perte compte tenu des coûts de production élevés, il propose une opération spéciale. Les cagettes de 5 kilos de tomates bio anciennes à 20 euros ce vendredi de 15 à 19 heures et ce samedi de 9 h 30 à 12 h 30 à la « Ferme des grenouille­s », 500 allée des Gouorgues, à Villeneuve-loubet. Soit 4 euros le kilo quand, en vente directe, au détail, il en propose entre 4,50 et 4,90 euros. Une informatio­n qu’il entend relayer sur les réseaux sociaux.

Newspapers in French

Newspapers from France