Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Schleck : « Il faut sortir les tripes et attaquer »

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Vainqueur du Tour de France sur tapis vert en 2010, l’ancien grimpeur luxembourg­eois Andy Schleck estime que pour battre Tadej Pogacar, le coureur le plus fort qu’il ait « jamais vu », il n’y a qu’une solution : l’attaque à tout va, avant deux étapes au format XXL dans les Alpes aujourd’hui et demain. Les coureurs grimperont notamment deux fois le Galibier, col où il s’était imposé en 2011 à l’issue d’une étape de légende et d’un raid solitaire de 60 kilomètres.

Pour vous, revenir au Galibier, c’est forcément spécial ?

Quand on arrive dans les montagnes sur le Tour de France je suis toujours content. J’ai gagné une étape ici à Morzine-avoriaz. Mais le Galibier, c’est ma plus belle victoire. Je suis fier de ce que j’ai fait. Les gens pensent que j’étais parti sur un coup de tête. Pas du tout. J’avais bien calculé mon truc. Ce jour-là, personne n’a osé y aller, personne n’a cru en moi. Leur répondre avec la victoire, c’était très spécial. Et quand je monte aujourd’hui le col en voiture (il est ambassadeu­r pour Skoda sur la Grande Boucle, ndlr), je me demande comment j’ai fait, tellement c’est dur.

Un raid de 60 kilomètres en solitaire, c’est encore possible aujourd’hui pour un prétendant au classement général ?

Oui, mais il faut des tripes. Regardez dans ce Tour, qu’est-ce qu’il va se passer s’ils continuent comme ça ?

Tadej (Pogacar) va gagner. Je vois deux, trois équipes qui peuvent changer le classement mais il faut qu’elles soient intelligen­tes. Et ils faut attaquer ! Pour ça, il faut du courage. Peut-être qu’ils vont perdre le Tour, mais il faut essayer. Geraint

Thomas, par exemple, est troisième au général. Mais troisième au général, qu’est-ce que c’est pour lui ? Il a déjà gagné le Tour. Les coureurs attendent trop. Ils pensent au lendemain et à un moment donné, on voit la Tour Eiffel, on est à Paris, et c’est fini.

Vous pensez que le Tour va se jouer dans les Alpes ? Mercredi et jeudi, ce sera dur, très dur. Certains coureurs ne doivent pas être contents de voir Pogacar faire les sprints, prendre toutes les étapes. Il a le droit. Mais quand il fait le sprint (pour la cinquième place) lors de la victoire de Bob Jungels dimanche, ça peut énerver, ça crée de la tension.

Des équipes comme Jumbo et Ineos pourraient­elles s’allier pour piéger Pogacar ?

Oui, il faut être prêt à des alliances, que les Jumbo ne courent pas derrière les Ineos et vice-versa. Pour moi, la Jumbo possède la clé avec Wout Van Aert. C’est le plus fort du peloton. Lui il peut changer les classement­s. Mais il faut l’utiliser intelligem­ment comme équipier. Là il va tous les jours dans les échappées, j’espère qu’il va se calmer un peu. Roglic a gagné Paris-nice grâce à lui.

Thomas a dit que Pogacar était plus fort que d’autres anciens vainqueurs comme Froome ou Contador...

En tous cas, il est certaineme­nt plus fort que moi ! Je pense que j’aurais pu le suivre en montagne et même lui être un peu supérieur au-dessus des 2.000 mètres. Alberto (Contador) aussi. Mais pour moi, c’est le plus grand coureur que j’ai jamais vu. Froome dominait mais pas comme Pogacar. Il sait tout faire, il est même capable de gagner des sprints.

 ?? R.L.) ?? « Le Galibier, c’est ma plus belle victoire », explique Andy Schleck. Le Tour y revient aujourd’hui.(photo
R.L.) « Le Galibier, c’est ma plus belle victoire », explique Andy Schleck. Le Tour y revient aujourd’hui.(photo

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