Le road book de Mikael Cherel

« Du plaisir à l’avant »

« C’était une sacrée journée de vélo, on s’y attendait. J’imaginais une grande bataille entre les favoris. Malgré tout, j’avais envie de me glisser dans l’échappée. Le paradoxe, c’est que je savais que celle-ci avait peu de chances de se disputer la victoire, mais je voulais être devant car on passait sur les pentes mythiques du Galibier. Hier (mardi) en écoutant de la musique entraînante avec mon camarade de chambre, Bob Jungels, je lui ai glissé que ça me donnait des envies de franchir le Galibier en tête. J’y ai pensé une fois dans l’échappée...

« J’ai senti que j’avais de super jambes, mais aussi que je me prenais un mur en pleine face une fois passés les 2000 mètres d’altitude. Je manquais d’oxygène et j’ai commencé à ressentir de la fatigue dans les muscles. Ma puissance a vite diminué et j’ai compris que ça allait être compliqué.

« Malgré tout, c’est ma première journée à l’avant et j’ai pris beaucoup de plaisir car c’est toujours grisant sur une étape du Tour de France. J’ai reçu beaucoup d’encouragements tout au long de l’étape, mais sur la fin, c’était fou ! “Allez Mika”... J’ai même entendu plusieurs fois “Roquefort-les-pins”, ça m’a fait sourire ! L’appréhension pour demain (aujourd’hui), c’est de repartir avec les mêmes jambes que j’avais à l’arrivée, remplies de toxine et très fatiguées...

« Je veux aussi avoir un mot pour mon coéquipier Oliver Naesen, malade depuis quelques jours et qui a malheureusement dû jeter l’éponge. C’était trop compliqué de survivre sur une étape comme ça. On était huit au départ, on n’est plus que cinq... Jamais je n’avais connu autant d’abandons lors de mes précédents Tours.

« Enfin, je suis très heureux pour mon pote Romain Bardet, qui réalise une sacrée course. Après les déboires qu’il a connus ces dernières années – le dernier en date sur le Giro (malade, il avait abandonné)... Là, il est sur le podium, c’est génial. »