Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Ukraine : 23 morts dans des frappes russes à Vinnystia
Au moins 23 personnes ont été tuées hier dans une ville du centre de l’ukraine, des bombardements qualifiés d’« acte ouvertement terroriste » par le président Volodymyr Zelensky.
ÀVinnytsia, dans une région du pays jusqu’alors relativement épargnée par la guerre, à plusieurs centaines de kilomètres des lignes de front, les images publiées par le service ukrainien des Situations d’urgence montraient des dizaines de carcasses de voitures calcinées et un immeuble d’une dizaine d’étages ravagé par l’explosion et l’incendie ayant suivi.
Selon l’armée ukrainienne, « trois missiles » ont touché le parking et cet immeuble commercial du centre de la ville, abritant des bureaux et des petits commerces. Ils avaient été tirés depuis des sous-marins en mer Noire, a précisé le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne. « Chaque jour, la Russie tue des civils, tue des enfants ukrainiens, tire des missiles sur des cibles civiles où il n’y a rien de militaire. Qu’est-ce que c’est, si ce n’est un acte ouvertement terroriste ? », a dit Zelensky immédiatement après les frappes. Les Russes ont affirmé de leur côté avoir visé des nationalistes.
❖ Vers un tribunal spécial à La Haye ?
Ces frappes sont intervenues au moment où se préparait à La Haye une conférence sur les crimes commis en Ukraine. Dans une intervention en visioconférence lors de cet évènement organisé par la Cour pénale internationale (CPI), la Commission européenne et les Paysbas, Volodymyr Zelensky a appelé à la création d’un « tribunal spécial » chargé de juger « les crimes de l’agression russe contre l’ukraine ».
❖ Frappes sur le sud
Depuis plusieurs semaines, les frappes russes loin des lignes de front étaient relativement rares. Mais la guerre fait désormais rage autour de villes comme le port stratégique de Mykolaïv (sud), proche de la mer Noire, qui a été touché tôt hier matin par une « frappe massive de missiles » pour le deuxième jour consécutif.
« Deux écoles, des infrastructures de transport et un hôtel ont été endommagés », a déclaré la présidence dans son briefing matinal quotidien.
L’ukraine a de son côté lancé depuis plusieurs semaines une contre-offensive pour reprendre Kherson, unique capitale régionale capturée par Moscou depuis le 24 février. Si la ligne de front reste relativement stable, ces attaques sont de plus en plus puissantes, avec de nouveaux systèmes de roquettes américains et européens, ciblant les dépôts d’armes.
❖ Les principaux combats à l’est
Les principaux combats restent toutefois concentrés sur l’est de l’ukraine et le Donbass, bassin industriel et minier que Moscou a promis de conquérir entièrement. Selon le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, « les attaques massives d’artillerie et de mortier se poursuivent (et) les Russes tentent de percer vers Siversk et d’ouvrir la voie vers Bakhmout ». Un peu plus au nord, dans la région d’izioum, « on creuse quand c’est calme, on se cache quand ça tire », confiait un soldat ukrainien dans des tranchées labyrinthiques de plusieurs dizaines de mètres de long construites par l’armée ukrainienne, au son des tirs d’artillerie. Un des officiers déclarait toutefois que « la situation est sous contrôle », affirmant que l’armée russe n’avançait plus dans cette zone et que l’objectif pour l’ukraine était désormais « la victoire totale ».
❖ Espoir sur les céréales
Mercredi, au cours d’une réunion d’experts militaires à Istanbul, la Russie et l’ukraine ont par ailleurs progressé sur l’épineuse question du blocage des exportations de céréales à partir des ports ukrainiens. Des « progrès réellement substantiels » ont été réalisés, a commenté le secrétaire général de L’ONU, Antonio Guterres, qui a dit espérer un « accord formel ».
La négociation lancée il y a plus de deux mois vise à exporter par la mer Noire quelque 20 millions de tonnes de céréales bloquées dans des silos ukrainiens, en particulier à Odessa, tout en facilitant les exportations russes de grains et d’engrais.
L’ukraine est l’un des principaux exportateurs mondiaux de blé et d’autres céréales et le temps presse, face à la hausse mondiale des prix des denrées alimentaires qui fait peser des risques de famine, notamment sur l’afrique.