Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Rêver est permis
Margot Chevrier va découvrir les Mondiaux Seniors en plein air à Eugene. Avec ses 4,70 m franchis en juin, la perchiste niçoise de 22 ans n’est qu’à cinq centimètres du record de France.
L’histoire serait magnifique. Imaginez un peu, Margot Chevrier s’élevant dans le ciel d’eugene au-dessus d’une barre fixée à 4,76 m du sol. Le record de France de Ninon Chapelle battu d’un petit centimètre. Déjà exceptionnelle, sa saison deviendrait magique. Elle qui l’avait lancée avec un saut de référence à 4,51 m. Mais il faudra sans doute s’armer de patience avant de sauter au plafond.
Le concours s’ouvre la nuit prochaine avec les qualifications (2h20). L’exercice est tactique. Il n’appelle pas à la démonstration mais à l’efficacité. « C’est différent de ce qu’on peut connaître habituellement. Il n’y a pas d’objectif de place ou de podium », décrypte la sociétaire du Nice Côte d’azur Athlétisme. Parmi les trente-deux perchistes en lice, seules douze joueront les médailles lundi (2h25). A l’orée de son premier championnat du monde Seniors en extérieur, la Niçoise veut y aller crescendo. « Il ne faut pas se voir en finale trop tôt. C’est le meilleur moyen de ne pas y aller, envisage la perchiste de 22 ans. Les qualifications, c’est le plus dur. Je vais essayer d’être proche de mon record en ayant peu d’échecs. »
Sur place depuis le 4 juillet
La protégée de Sébastien Reisdorffer est lucide. Elle compte peu d’expérience au niveau mondial. Même si sa 10e place à Belgrade (Serbie) en mars, lors de Mondiaux en salle où elle fut invitée par la Fédération internationale, va l’aider. « C’était un vrai bonus », considère l’étudiante en médecine, qui vise un podium aux Jeux Olympiques de Paris-2024. Et qui, à court terme, sautera à Eugene puis à l’euro de Munich (Allemagne, 15-21 août). « J’ai pu me préparer à tête reposée, développe la double championne de France, qui vient de conserver son titre après une semaine de lutte contre la Covid. J’ai fait les minima dès le 12 juin. Quand ça sort en milieu de saison, cela permet d’être tranquille. On ne se pose pas beaucoup de questions. » Chevrier est aux Etats-unis depuis le 4 juillet. Après 25h de voyage, elle s’est entraînée à 1h30 de route d’eugene, à Linfield University. A l’occasion d’un stage, la 6e performeuse mondiale de l’année a validé des sauts à 4,65 m et emmagasiné de la confiance. Elle a rejoint le campus Oregon ce mercredi, se rapprochant du Hayward-field, théâtre de ces Mondiaux. Depuis, elle gère l’impatience. « J’ai trop hâte d’y être, clamet-elle. Depuis Belgrade, je n’ai qu’une envie : retourner sur la piste d’un grand championnat pour m’éclater et m’exprimer à fond. » Solide mentalement, elle se sent prête. « Même si les qualifications sont une étape stressante, le reste prend le pas », pose-telle, heureuse de pouvoir compter sur le soutien de son entraîneur dont elle a financé le voyage à l’aide d’un crowdfunding et 7860 € récoltés.
« Le record de France n’est plus illusoire »
Et le record de France dans tout ça ? Au fil des semaines, il est plus que concret. Il est là, à portée de main. La Niçoise y pense « tous les jours » selon son coach. Ce qu’elle confirme. « C’est forcément devenu un objectif à moyen terme. Je passe des barres de plus en plus hautes. Je me suis stabilisée à 4,50 m- 4,60 m. Ce n’est plus illusoire mais il faut le pic de forme et la bonne perche au bon moment. » Avec un saut à 4,70 m ou 4,75 m, la Tricolore pourrait hériter « d’une sacrée belle place », dixit Reisdorffer. Sur les dix dernières éditions, le podium s’est joué six fois à 4,75 m ou moins. La tendance est aux grandes envolées depuis 2013 et l’américaine Sandi Morris a franchi 4,82 m cette année. Mais qui sait ? Impossible n’est pas Chevrier.
La nuit prochaine : qualifications à 2h20. Lundi : finale à 2h25.