Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« Il ne faut pas rester seul, il faut en parler »
Vous heurtez-vous à de fortes réticences lorsque vous intervenez sur le sujet en entreprise ?
Aujourd’hui, tout le monde est pour l’égalité hommes-femmes, tant que ça ne vient pas trop déranger ce qu’on a l’habitude de faire. La phrase «Onnepeut plus rien dire », on l’entend systématiquement, y compris chez d’autres femmes. Il y a encore une méconnaissance sur ce qui relève du sexisme. On baigne tellement dedans. Tout ne relève pas de la sphère judiciaire, mais cela entraîne un climat sur lequel on ferme les yeux.
La limite entre un jeu de séduction et le harcèlement, c’est le consentement ? Exactement. Si une personne insiste, est-on encore dans la séduction ? Non ! La séduction implique de se préoccuper de ce que l’autre pense. Si on voit qu’on importune, on arrête.
Que proposez-vous ?
On fait de la prévention en expliquant le cadre législatif, qui a évolué depuis une quinzaine d’années. Et on encourage à ne pas rester seul, à chercher des alliés dans l’entreprise : syndicat, CSE, référent... Il faut en parler à quelqu’un de confiance.
En cinq ans, avez-vous vu les mentalités évoluer ?
Depuis #Metoo, il y a eu une libération de la parole. Un couvercle a été soulevé, même si ça ne se traduit pas forcément dans les procédures judiciaires. Il y a des progrès législatifs, et les jeunes sont beaucoup plus sensibles à ces questions. 0n a un vrai problème de moyens aujourd’hui. Les entreprises ont tendance à mettre ça en dernière ligne des priorités. Il faut pourtant faire un vrai travail pour déconstruire nos représentations sexistes et éviter ainsi les comportements violents.