Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Bonsaïs : la puissance de la nature en miniature

Jusqu’à ce lundi, le musée départemen­tal des Arts asiatiques accueille une exposition spéciale de pins venus de l’île de Shikoku, au Japon. Un voyage auquel participe le bonsai center de Nice.

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Et si le salut du Bonsaï venait de l’europe et même de la France ? L’idée flotte au-dessus du ficus de Bouddha. L’arbre sacré au pied duquel, le chef spirituel devint Bouddha l’éveillé.

L’arbre est là, dans ce jardin extraordin­aire, planqué au coeur d’une clairière insoupçonn­ée du boulevard Gambetta, où on devise sur l’avenir de l’arbre nain. Cet arbre traduisant « l’évocation de la puissance de la nature en miniature », souffle Jonathan Pons.

Tout savoir sur le bonsai center

Ce passionné est responsabl­e du bonsaï center, temple des végétaux mis en pots après avoir été prélevés dans la nature. Seul site du genre dans la région, qui coorganise, dès aujourd’hui et jusqu’à ce lundi – avec l’associatio­n pour la promotion à l’export des akaishi goyomatsu d’ehimé – une exposition spéciale au Musée départemen­tal des arts asiatiques.

Histoire de découvrir les plus beaux spécimens que les connaisseu­rs s’arrachent (lire par ailleurs).

Mais alors, c’est quoi ce bonsaï center perdu au bout d’une allée pavée ? Une pépinière. « On y expose des arbres, on les vend, on les soigne, on les entoure de beaucoup de conseils, on explique aux gens comment les traiter. »

Jonathan, assisté de Jeanmarc Gubbiotti, technicien­artiste, a eu la révélation de l’arbre nain, dans ce magasin, créé en 1988 par son ancien patron, Michel Franco. Il raconte les trois raisons de cet engouement pour ces arbres. « J’ai toujours aimé planter des arbres, j’ai grandi avec un ami laotien bercé par les statues de Bouddha, l’encens... Et puis j’ai rencontré Michel Franco qui m’a fait confiance. Il m’a engagé en 2000 et j’ai repris la boutique en 2014. »

Depuis, au milieu des troncs et branches parfois séculaires et aux torsions étranges, sous cette aura de verdure spirituell­e autant qu’apaisante, se déroule un manège quotidien.

Des gens âgés viennent s’y promener et profiter des changement­s de saison quand les fleurs poussent au printemps, les feuilles roussissen­t à l’automne, les écorces prennent le dessus en hiver. Des fanas de cette verdure aux accents asiatiques portent des arbres parfois malades, les font garder le temps des vacances, apprennent à tailler, tordre des branches pour leur donner une forme, tandis que les gosses préfèrent observer la petite marre aux poissons rouges. « On discute tous ensemble, on partage des moments de gratitude, on refait le monde. » Le monde du bonsaï. Chinois au départ, puis magnifié par les Japonais.

« C’est une contemplat­ion de la nature. Davantage une adaptation de cette nature qu’un travail de l’homme. L’arbre est prélevé dans son cadre et il reste petit et trapu naturellem­ent. »

Conseils gratuits

Ici, le service après-vente est énorme.

Les conseils ? Gratuits. « J’ai appris avec des maîtres japonais renommés qui ne m’ont pas fait payer, mais qui m’ont demandé d’en faire autant à mon tour, explique Jonathan. Quant au gardiennag­e, c’est seulement 40 centimes par jour pour l’eau d’arrosage. »

On écoute le silence. On boit la verdure. On rêve. Et pourtant... Au Japon, on se désintéres­se de plus en plus des bonsaïs. Jonathan le déplore. Mais en Europe, en France et à Nice, on adule toujours ces arbres sauvages apprivoisé­s par des pots savamment choisis.

 ?? (Photos Ch. R.) ?? De gauche à droite : Jean-marc Gubbiotti et Jonathan Pons, passionnés par la mini-forêt qu’ils soignent avec amour au bonsai center de Gambetta et qui participen­t à l’organisati­on de l’exposition, facilitée par Akiko et Max-michel Grand, eux aussi envoûtés par l’âme des mini-arbres.
(Photos Ch. R.) De gauche à droite : Jean-marc Gubbiotti et Jonathan Pons, passionnés par la mini-forêt qu’ils soignent avec amour au bonsai center de Gambetta et qui participen­t à l’organisati­on de l’exposition, facilitée par Akiko et Max-michel Grand, eux aussi envoûtés par l’âme des mini-arbres.

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