Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Grimaud, le temps des vacances

Dans le domaine Beauvallon-bartole, où le couple avait une maison, ce sont les retrouvail­les entre amis et voisins. Simone Veil s’en échappe parfois pour chiner chez les antiquaire­s

- RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

Comment Simone Veil est arrivée dans le quartier Beauvallon à Grimaud, où les belles demeures à l’abri des regards zieutent les éclats de la mer et les gros yachts, qui paressent dans le golfe de Saint-tropez ?

Une version revient souvent dans la mémoire de ceux qui l’ont connue : André Rousselet, fondateur de Canal +, ami du couple, le prévient qu’une propriété est à vendre juste en dessous de la sienne, située tout en haut de la colline. L’affaire est conclue en 1984. Très vite, Antoine et Simone Veil y prennent leurs quartiers d’été et parfois d’hiver.

Lorsque Jean-paul Bréhant, le maire RPR de l’époque, est prévenu par la préfecture du Var de l’arrivée de la députée européenne et ancienne ministre de la Santé de Valéry Giscard d’estaing, il lui fait parvenir un bouquet de fleurs, accompagné d’un mot de bienvenue. « Je l’ai fait régulièrem­ent pendant trois ans au moins. C’était devenu une tradition. Mais on ne se connaissai­t pas, on ne se voyait pas. »

Beauvallon, un cercle d’amis

Durant ses séjours, Simone Veil passe beaucoup de temps dans sa villa de Beauvallon.

Le quartier très fermé devient un cercle d’amis, qui s’invitent d’une maison à l’autre. Parmi les chefs d’orchestre de ces rencontres, André Rousselet. « Je crois que c’est lui qui m’a présenté Simone Veil, confie Jean-paul Bréhant. Une vraie amitié est née. Elle avait été touchée par mes bouquets de fleurs. Chaque année elle venait à mon anniversai­re le 14 août. »

Elle répond systématiq­uement aux sollicitat­ions du maire, qui l’invite à participer en août 1994 aux cérémonies du 50e anniversai­re du débarqueme­nt. Peu de stars mais tout un monde politique, en villégiatu­re, gravite à Beauvallon, au fil des ans et au gré de ses bonnes et mauvaises fortunes. On y retrouve Jacques Chirac et aussi Olivier Guichard, ancien ministre de la Justice de Valéry Giscard d’estaing, René Monory, président du Sénat, Michel Giraud, ministre du travail et bien sûr François Mitterrand, invité régulier d’andré Rousselet, son ami. Jean-paul Bréhant quant à lui devient de plus en plus un incontourn­able du RPR varois, aidé de son humour ravageur.

Elle flane chez les antiquaire­s du golfe

De temps en temps, Simone Veil s’échappe quand même de l’entresoi du domaine Beauvallon-bartole. Elle prend la navette maritime à l’allure de vaporetto, qui part juste en bas pour rejoindre Saint-tropez (il n’existe plus aujourd’hui). Avec son mari, elle rejoint le couple Bréhant dans des restaurant­s branchés mais à la cuisine simple. Elle va rarement dans le village de Grimaud. Elle flâne chez les antiquaire­s du golfe, en quête de trésors, en particulie­r les objets en barbotine, que beaucoup s’amusent à lui offrir.

Les réveillons du jour de l’an

Son amie Jacqueline Girardet, une de ses voisines, l’accompagne souvent. C’est la présidente du salon des antiquaire­s.

« Sa villa dominait la mienne. On s’invitait tantôt chez l’une, tantôt chez l’autre. On discutait, mais pas de l’holocauste » relate cette amie, aujourd’hui âgée de 95 ans. Jacqueline Girardet est la grande organisatr­ice des réveillons du 31 décembre à Beauvallon, dans les années 1980-1990. L’ancienne ministre et son mari sont toujours invités. L’écrivain et académicie­n Frédéric Vitoux, qui vient en vacances dans sa maison de Grimaud, est aussi un habitué de cette grande soirée.

« André, quand on n’y connaît rien, on se tait ! »

« J’ai été son parrain en 2008, le jour de sa réception sous la coupole, quand elle est entrée à l’académie française. Elle était raide, digne, consciente de ce qu’elle représenta­it. Alors que le soir du réveillon, on riait. Il n’y avait que des gens proches d’elle, comme André Rousselet. On ne parlait pas forcément de politique. Mais un jour qu’il défendait François Mitterrand avec ferveur, elle lui dit : « Mon petit André, quand on ne connaît rien à la politique, on se tait. »

L’ambiance est simple et détendue autour de Simone et Antoine Veil. « Ils étaient inséparabl­es, c’était magnifique » dit Jean-paul Bréhant, qui sourit en se rappelant qu’elle avait voulu visiter le camping Les prairies de la mer. Il l’avait accompagné­e. Elle avait alors ses yeux « d’un bleu Méditerran­ée » qui pouvaient devenir « bleu acier, comme ceux des espions du KGB, quand elle était en colère. »

Au milieu des années 2000, la maison a été vendue. C’était la fin des vacances.

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(Photo DR) Simone Veil en août 1994, lors des cérémonies du débarqueme­nt à Grimaud avec Jean-paul Bréhant, le maire de l’époque.
 ?? (Photo Patrick Bar) ?? Août 2002 : elle profite de sa maison de vacances à Grimaud, avec vue imprenable sur le golfe de St-tropez.
(Photo Patrick Bar) Août 2002 : elle profite de sa maison de vacances à Grimaud, avec vue imprenable sur le golfe de St-tropez.

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