« Un phénomène d’entraînement »

Quand une partie des stations-service a le ventre creux, d’autres sont prises d’assaut. C’est le cas chez Leclerc Saint-isidore, dans la plaine du Var, hier après-midi à Nice. « C’est un phénomène d’entraînement de gens qui paniquent » , estime Patrick, 52 ans, qui vient de ravitailler sa Honda Civic.

Il vient de trouver son bonheur à la pompe, même si le litre de sansplomb atteint les 2 euros. Au moins, ici, il y en a. Et du gasoil aussi. Pas étonnant que la file d’attente s’allonge, en ce samedi aprèsmidi où la pluie fine est à l’image du ravitaillement des transporteurs : au compte-gouttes.

« Mon mari a trouvé du gasoil. Moi, je cherche depuis deux jours et je ne trouve rien », s’inquiète Noura Loubaoui, auxiliaire de vie. Elle a été prise de court, « ne regardant pas trop les infos ». Elle redoute de s’entendre dire « Y’a plus rien ». Ouf : elle raccrochera le pistolet de la pompe le sourire aux lèvres, le jour de son quarantième anniversaire.

« Sacrée injustice »

Les infos, Martin Provo les suit, lui. Et il approuve les grévistes, qui réclament 10 % de hausse de salaire à un groupe qui a engrangé 10,6 milliards d’euros de bénéfices au premier semestre. « Ils ont raison. Qu’ils continuent ! De toute façon, il y en a d’autres des stations, ce n’est pas le bout du monde » ,relativise ce glacier de 29 ans. Il avale 40 km par jour entre Cannes et Cagnes. Il était temps de venir : sa BMW série 3 était sur la réserve. Sur la Côte d’azur, on est encore loin des files d’attente XXL filmées à Marseille ou en région parisienne. N’empêche : Alain Salas dénonce

« une sacrée injustice ». Il fustige les « vendeurs de carburant » qui

« laissent pourrir la situation ». Ce Laurentin, retraité depuis peu, soupçonne une stratégie de rattrapage, après un été de prix bas accentué par la « remise carburants » de l’état. Encore, lui ne se plaint pas trop : niveau carburant, sa Toyota CHR hybrid a de la ressource. « Mais celui qui bosse avec le diesel, il est vraiment dans la m... ».