Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Jean-michel Atlan, l’inclassable
Estimée à plus de 100 000 une remarquable toile de l’artiste passe sous le marteau le 15 octobre à Cannes
Le 15 octobre, la maison Cannes Enchères clôt trois jours de ventes avec des enchères autour de l’art contemporain. Plusieurs artistes phares des XXE et XXIE siècles sont présentés au catalogue de la vacation. A commencer par une rare composition de Jean-michel Atlan (1913-1960). Datée de 1957, cette imposante huile sur toile est estimée entre 100 000 et 150 000 euros. Elle provient de la collection de Camille Atlan, soeur de l’artiste, et de Jacques Folieri, auteur de son catalogue raisonné. Atlan est l’un des représentants les plus personnels de l’abstraction lyrique d’après-guerre, et l’un des précurseurs de l’art informel. Son oeuvre toutefois demeure atypique et inclassable. D’origine judéoberbère, ce professeur de philosophie à Paris est déchu de sa fonction pendant la guerre, et découvre dans la foulée sa vocation pour la peinture. Entré dans la Résistance, il sera arrêté en juin 1942 et échappe aux camps d’extermination en simulant la folie, et en se faisant interner à Sainteanne. Libéré deux ans plus tard, l’artiste autodidacte se remet à peindre, écrit des poèmes. Il expose à la galerie d’aimé Maeght à Paris. On le retrouve aussi à la Biennale de Menton en 1951, 1953 et 1955, à Liège, au Japon, en Israël, au Brésil ou en Yougoslavie. Entre périodes de succès et de disettes, Atlan poursuit sa passion sans relâche, et maîtrise parfaitement son art. Ses toiles à base d’ocre, de jaune, de rouge et de noir, apparaissent comme des emblèmes totémiques, animées d’un rythme qui donne toute sa force à son oeuvre. D’autres pointures de l’art contemporain sont présentées lors de la vente, comme Jonone (1963), graffeur et peintre américain, avec notamment trois compositions abstraites dont une imposante acrylique sur toile datée de 2022, et estimée entre 16 000 et 20 000 euros. De son vrai nom John Andrew Perello (1963), cet artiste de rue autodidacte, initié au tag avant de passer à la toile, se définit lui-même comme un « peintre graffiti expressionniste abstrait », inspiré à l’origine par des artistes comme A-one ou Jeanmichel Basquiat. Son art, facilement reconnaissable, se compose d’une explosion de couleurs aux lignes enchevêtrées et sinueuses, au style énergique et aux coups de pinceaux dynamiques. Les amateurs apprécieront aussi des toiles signées Gérard Schlosser, Valério Adami, Gully, Antonio Segui… ainsi qu’une vaste sélection d’oeuvres d’arman (1928-2005), plus de trentecinq en tout. On retrouve notamment ses tables aux encriers, ou encore, des tableaux composés d’accumulations de tubes de peinture, et bien sûr, ses fameuses sculptures « violons » en bronze découpé. De quoi attiser la convoitise des collectionneurs.