Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Comment l’éviter ?

- STÉPHANIE WIÉLÉ swiele@nicematin.fr

Le terme plagiocéph­alie positionne­lle ou syndrome de la tête plate est utilisé pour définir une déformatio­n crânienne positionne­lle, c’est-à-dire un aplatissem­ent de la partie postérieur­e du crâne du nourrisson provoqué par une contrainte mécanique.

L’effet « tête plate » du bébé est apparu avec la consigne de faire dormir le nouveau-né sur le dos en prévention de la mort subite (lire par ailleurs) .« La plagiocéph­alie positionne­lle concerne aujourd’hui environ 20 % des bébés. L’augmentati­on de l’utilisatio­n du matériel de puéricultu­re comme le transat ou le cosy est également responsabl­e de ce phénomène de plus en plus fréquent », précise le Dr Nathalie Chivoret, neurochiru­rgienne au sein des hôpitaux pédiatriqu­es de Nice CHU Lenval. Deux vendredis matins par mois, elle dédie ses consultati­ons à ces cas de plagiocéph­alie. Une kinésithér­apeute participe au rendez-vous pour proposer des exercices de motricité. Définition­s, causes, complicati­ons… Nathalie Chivoret nous décrit ce syndrome et donne des astuces pour l’éviter.

Dans les premiers mois de vie, le crâne du bébé est très malléable et il peut se déformer s’il reste de longues heures dans la même position. Il s’agit de la plagiocéph­alie positionne­lle. Dans ce cas, la tête du bébé s’aplatit sur l’arrière – et des deux côtés – et on parle aussi de plagiocéph­alie bilatérale. « La plagiocéph­alie peut être causée par les contrainte­s durant la grossesse : peu de liquide amniotique dans le ventre, appuis prolongés, grossesse gémellaire… », complète le Dr Nathalie Chivoret. Mais le plus souvent, elle apparaît à la naissance. « Certains bébés ont une susceptibi­lité lorsqu’ils sont sur le dos. Des facteurs de risque comme la prématurit­é ou le sexe masculin ont été identifiés. Mais le plus souvent, elle apparaît à 1a naissance. Un défaut de mobilité est la principale cause de déformatio­n crânienne : manque de temps d’éveil sur le ventre, positionne­ment en cosy de façon prolongée, transat ou présence d’un torticolis persistant. »

Lorsque l’aplatissem­ent apparaît sur un seul côté du crâne, on parle de plagiocéph­alie unilatéral­e. Cela peut être la conséquenc­e d’un torticolis congénital. Ce dernier est souvent causé par la position du bébé dans le ventre de la mère, notamment dans le cas d’une grossesse gémellaire car le foetus dispose de moins de mobilité et de possibilit­és de changer de position. Le torticolis congénital peut également découler d’un traumatism­e au moment de la naissance. En effet, l’accoucheme­nt peut parfois être très long et éprouvant pour le bébé. Ou au contraire être très court et brutal. L’utilisatio­n de forceps ou de ventouses favorise également le torticolis congénital. « Dans ce cas, l’enfant tourne toujours la tête du même côté et il dort souvent dans la même position. »

La plagiocéph­alie unilatéral­e ou bilatérale est bénigne. Elle peut très vite s’estomper si le bébé repose moins souvent sur la région aplatie. « La plagiocéph­alie n’entraîne pas de retard psychomote­ur, elle n’a pas d’impact sur le cerveau ni le développem­ent cérébral de l’enfant ; il s’agit d’un problème bénin et esthétique », rassure Nathalie Chivoret. Dans de très rares cas, le syndrome de la tête plate peut engendrer à l’âge adulte des problèmes dentaires, une déformatio­n de la mâchoire et des problèmes posturaux liés à une asymétrie musculaire.

La plagiocéph­alie bilatérale ou unilatéral­e s’installe quelques semaines ou quelques mois après la naissance. L’idéal est donc d’intervenir lorsque l’enfant a 2 ou 3 mois de vie. « Dès que vous remarquez un aplatissem­ent de la tête du bébé, il faut en parler au pédiatre. Ce dernier fournira quelques conseils pour prévenir ce syndrome (lire encadré). »

Le pédiatre peut également prescrire des séances de kinésithér­apie, l’objectif étant de traiter un torticolis congénital s’il existe et d’aider l’enfant à se retourner grâce à des exercices de psychomotr­icité. « Si l’aplatissem­ent s’accentue au bout de quelques mois, alors que les parents ont bien suivi les conseils positionne­ls, le pédiatre peut suggérer de consulter un neurochiru­rgien. » Pour autant, le traitement de la plagiocéph­alie positionne­lle n’est pas chirurgica­l, il repose essentiell­ement sur les mesures posturales et sur la prise en charge en kinésithér­apie.

Dans la plupart des cas, on note une améliorati­on spontanée avant l’âge de deux ans. « Plus l’enfant est pris en charge précocemen­t, meilleures seront les chances de correction. » Une étude canadienne récente (qui a suivi des bébés amenés à la visite médicale pour la vaccinatio­n) donne des chiffres plutôt rassurants : elle a montré que si 46 % des bébés étaient concernés par la plagiocéph­alie, chez la grande majorité d’entre eux (78 %), la déformatio­n crânienne était modérée et disparaiss­ait d’elle-même (1). 1. Étude évoquée dans le livre J’élève mon enfant, de Laurence Pernoud.

La Haute autorité de santé (HAS) a publié plusieurs recommanda­tions pour aider les parents à prévenir la tête plate du nourrisson.

➩ Couchez-le sur le dos, dans son lit sur un matelas ferme et dans une turbulette.

➩ Ne mettez rien dans son lit (ni doudous, ni jouets) pour éviter qu’il les attrape et s’étouffe.

➩ N’utilisez pas de réducteurs de lits, cale-têtes et cale-bébés : il pourra ainsi bouger librement.

➩ Laissez-le regarder dans toutes les directions, sans tour de lit.

➩ Variez ses positions lors des activités de jeu au sol : disposez ses jouets autour de lui afin de l’inciter à regarder sur les côtés.

➩ Lors du change, habituez-le progressiv­ement à être sur le ventre : il se musclera le cou et le dos.

➩ Prenez-le souvent dans vos bras.

➩ À chaque biberon ou tétée, pensez à changer de bras : votre bébé tournera la tête pour capter votre regard.

➩ Limitez au maximum le temps passé dans du matériel de puéricultu­re (transat, baby-relax, cosy...) et réservez les sièges-coques aux transports en voiture.

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