Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Hollande et Cazeneuve aujourd’hui à la barre
La cour d’assises spéciale de Paris va entendre le procureur Molins, l’ex-président de la République et son ministre de l’intérieur, en poste le 14 juillet 2016. Pause pour les victimes.
Les histoires de victimes se répètent à la barre de la cour d’assises spécialement composée depuis le 21 septembre, date à laquelle les auditions des parties civiles ont commencé. Pourtant, les mots, accueillis avec bienveillance, si forts soient-ils, peinent à traduire la puissance de la souffrance endurée par les victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice.
La culpabilité, la haine, le dégoût
Tous, survivants, proches de victimes, victimes psychologiques, progressent – ou stagnent – sur une interminable ligne de crête. Depuis six ans. Une longue descente aux enfers, dont les portes se sont ouvertes en grand, en une fraction de seconde, ce soir de fête sur la promenade des Anglais, où 86 personnes sont mortes. Et, même si chaque histoire racontée a ses nuances, s’il y a autant d’histoires que de victimes, elles finissent par se ressembler. Par s’assembler. Comme les pièces d’un effrayant et triste puzzle. Il y a d’abord cette « culpabilité » du survivant,
« pourquoi lui, elle, eux... Et pas moi ? ». Celle des blessés psychologiques,
« ai-je le droit d’être victime ? ». Cette « culpabilité qui mange la tête ». Ilyale dégoût. Contre soi-même,
« je n’ai pensé qu’à sauver ma vie », contre l’administration qui, souvent, a broyé, sans le vouloir, ce que le camion avait bien voulu épargner. Ou contre des hommes politiques qui ont fait de ce torrent de souffrance un « plan com ».
La sécurisation de la prom’ en question
Il y a, aussi, la haine et la colère, qu’on s’en veut parfois de ressentir, « Oui j’ai la haine, je ne le souhaite pas, mais j’ai la haine », « ma haine, je la garde. Ma colère, je la soigne ». De l’espoir aussi, que le procès soit le ciment d’un début de « reconstruction. » Il y a enfin, la question, omniprésente, brûlante, de la sécurisation de la Promenade des Anglais le soir du feu d’artifice. Ce n’est pas l’objet des débats qui se tiennent jusqu’à la mi-décembre et les victimes le savent, mais peu importe. Toutes l’ont exprimé. Ou presque. Comme Célia Viale. La jeune femme, artiste textile, a perdu sa maman. Déterminée : « Tant que l’instruction de Nice sur la sécurité et ses failles n’aboutira pas à un procès, on sera en colère. Monsieur le président, vous avez dit que ce procès n’était pas celui des institutions. J’entends. Mais ce sera quand alors le procès des institutions ? ».Les débats reprennent ce lundi matin à 9 h 30 et la cour fait une pause dans les auditions des victimes. Place à une partie de ces « institutions », justement.
Les prélèvements d’organes
François Molins, procureur antiterroriste au moment de l’attentat, viendra à la barre, cité par Promenade des Anges. De nombreuses victimes espèrent des réponses aux prélèvements d’organes effectués sur leurs proches, sans consentement et disproportionnés, dénoncent-elles. L’après-midi, L’ancien chef de l’état François Hollande et son ministre de l’intérieur de l’époque, Bernard Cazeneuve, prendront, tour à tour, sa place.
Ils ont, tous les trois, déjà témoigné à la barre du procès des attentats de Paris du 13 novembre.