Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Bientôt la fin de la galère ?
Face aux grèves et aux difficultés d’approvisionnement à la pompe, Totalenergies a proposé d’avancer les négociations annuelles sur les salaires. Esso-exxonmobil doit réunir les syndicats dès aujourd’hui.
Automobilistes à cran face aux stations-services en rupture d’approvisionnement, pressions politiques : Totalenergies a accepté hier d’avancer à octobre ses négociations annuelles sur les salaires, répondant ainsi à la main tendue la veille par la CGT, à condition que les blocages prennent fin dans les raffineries et dépôts de carburants. Ces négociations, qui étaient prévues en novembre, « permettront de définir comment les salariés pourront bénéficier, avant la fin de l’année, des résultats exceptionnels générés par Totalenergies, tout en prenant aussi en compte l’inflation de l’année 2022 », assure Totalenergies. Depuis le début de la grève, il y a une dizaine de jours, la CGT réclame 10 % d’augmentation sur les salaires (7 % pour l’inflation, 3 % pour le partage de la richesse), le géant français de l’énergie ayant engrangé 10,6 milliards de dollars de bénéfices au premier semestre 2022.
« Ce conflit doit cesser »
De son côté, la direction d’esso-exxonmobil en France a annoncé tard hier soir son intention de réunir dès aujourd’hui « les quatre organisations syndicales représentatives du personnel ». Le groupe, dont les deux raffineries en France sont à l’arrêt, se dit « convaincu que la qualité du dialogue social permettra de sortir rapidement du conflit ».
Les discussions sur les salaires ont démarré chez Esso France dès le 20 septembre. La proposition pour l’instant sur la table n’a été approuvée que par la CFE-CGC. La branche française du groupe américain a réclamé hier l’arrêt de la grève. La pression des responsables gouvernementaux s’était accrue ces derniers jours sur les deux groupes et les grévistes pour qu’ils négocient.
« Je tiens à réaffirmer l’appel très ferme du gouvernement aux dirigeants et aux organisations syndicales de Total et d’esso : une issue doit être trouvée sans délai dans le cadre du dialogue social, qui doit avoir lieu au sein des entreprises. Les Français ne doivent pas subir davantage les conséquences d’un mouvement social. Ce conflit doit cesser » , a affirmé la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-runacher. Évoquant une « ruée vers les stations-services », elle a exhorté « tous nos concitoyens à ne pas faire de stock pour que chacun puisse faire son plein. » Hier, de nombreuses stations faisaient toujours face à des ruptures d’approvisionnement, avec des files d’attente de plusieurs dizaines de voitures. À 15 h, 29,7 % des stations en France connaissaient des difficultés sur un produit au moins (contre 21 % samedi), a indiqué le ministère de la Transition énergétique (MTE). La Première ministre Élisabeth Borne, en visite en Algérie,
a assuré hier que la situation allait « s’améliorer tout au long de la semaine », à mesure de l’arrivée de «livraisons » issues notamment des « stocks stratégiques » français.
Mmes Borne et Pannier-runacher ont rappelé que les camions avaient été autorisés à circuler tout le weekend pour livrer du carburant, et que le gouvernement avait puisé dans les stocks stratégiques et augmenté les importations.