Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Procès de Marlène à Nice : la vidéo-testament d'un suspect

Semaan Mansour est soupçonné d'avoir tué Thibault Fenu lors d'une bagarre au .Les deux hommes étaient amoureux de Marlène Dietrich, la seule à comparaîtr­e pour cet assassinat.

- CHRISTOPHE PERRIN

Deuxième jour à Nice du procès de Marlène Dietrich devant la cour d’assises des Alpes-maritimes, accusée de l’assassinat au Cannet de Thibault Fenu, 32 ans.

Semaan Mansour, jeune Varois de Fayence, apparaît face caméra. Il se filme au milieu de la nature du côté de Mons. Teint mat, collier de barbe et voix étonnammen­t ferme, le jeune homme de 18 ans annonce à ses proches son intention d’en finir avec la vie. La présidente Emmanuelle De Rosa a prévenu hier matin l’assistance que cette vidéo pouvait être « difficile ». Les enquêteurs de la police judiciaire estiment que cet enregistre­ment signe les aveux de Semaan Mansour, soupçonné d’avoir tué, au Cannet, dans l’appartemen­t de Marlène Dietrich, Thibault Fenu, introuvabl­e depuis sept ans.

« Je ne suis pas un tueur »

À l’époque, les deux hommes sont fous amoureux de la jeune femme. Celle qui comparaît seule dans le box des accusés depuis vendredi. Elle aurait brossé un portrait peu flatteur de Thibault Fenu à Semaan Mansour qui, pour la sauver, aurait tué son rival lors d’une bagarre. Le suspect numéro un est absent du procès et pour cause. Il s’est suicidé en mars 2016. Il justifie en vidéo son geste désespéré : « Salut, pour tout dire, j’en ai marre. Je n’y arrive plus. Je veux juste que ça s’arrête… Je sais que je ne suis pas un tueur », affirme-t-il, déterminé, l’air sombre. Les confession­s prennent le ton d’un testament. Le jeune employé d’un fast-food dicte ses dernières volontés. « Je vous aime très fort. Je veux être incinéré et qu’on jette mes cendres où je suis là, au pont de Mons. Je vous aime tous vraiment. Je sais que je vais vous décevoir. Je ne peux plus vivre avec ça. Je n’ai plus ma Kataleya à moi. »

« Rappelez-vous du bon Semaan »

Kataleya est le surnom de Marlène Dietrich qui pleure discrèteme­nt en regardant l’écran de télévision de la cour d’assises. Elle essuie ses larmes avec la manche de son gilet. Kataleya est-elle le catalyseur de ce crime ? N’a-t-elle pas multiplié les accusation­s fantaisist­es, expliquant en permanence qu’elle était mise en danger par ses anciens compagnons ? Elle avait trouvé en Thibault et Semaan deux chevaliers prêts à tout pour sauver la belle.

C’est en tout cas la théorie du juge d’instructio­n, validée par la cour d’appel d’aix-en-provence. La diffusion de la vidéo se poursuit de longues minutes : « Je veux juste une chose. Qu’on passe “J’ai mal au mic” d’oxmo Puccino. J’adore cette chanson. C’est un peu ce que je ressens chaque jour. »

« Maman, Marlow, Nat, Tonton, Tata... Marlène et ses gosses… Je vous aime tous tellement. Ne me pleurez pas. Rappelez-vous le bien que j’ai pu faire. Rappelez-vous du bon Semaan, pas du mauvais. » Le jeune homme sera découvert par un pêcheur pendu à un arbre, près de la rivière, sur le territoire de la commune de Saint-cézairesur-siagne, écrasé par le poids de sa culpabilit­é. Il avait déjà tenté à deux reprises de mettre fin à ses jours depuis le 22 octobre, date de la tragédie. Un psychiatre venait de diagnostiq­uer chez lui des troubles schizophré­niques.

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(Photo d’archives Patrice Lapoirie) Thibault Fenu était âgé de 32 ans au moment de sa disparitio­n.

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