Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Expédition punitive à la maison d’arrêt de Nice ?

Deux gardiens sont suspectés de violences sur un détenu, dans sa cellule, pour régler un différend personnel. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire.

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

L’un des deux surveillan­ts pénitentia­ires a été autorisé à reprendre le chemin de la maison d’arrêt de Nice. Mais à un poste sans contact avec les détenus. L’autre est sous le coup d’une interdicti­on d’exercer. Ils ont été laissés libres samedi, mais sous contrôle judiciaire. Ils comparaîtr­ont en février 2023, l’un pour violences par personne dépositair­e de l’autorité publique, l’autre pour complicité. Pas banal pour des « matons »…

Ont-ils organisé une expédition punitive dans une cellule ? C’est ce que pense la justice. Pour quelle raison ? Selon plusieurs sources, l’un des surveillan­ts, le plus jeune, trois ans d’ancienneté, serait en couple avec une surveillan­te de la maison d’arrêt de Nice. Laquelle aurait été la cible de mots désobligea­nts de la part d’un détenu, au point qu’elle aurait rédigé un rapport. Cette altercatio­n a-t-elle fait monter le sang de son compagnon ? Voulait-il régler son compte, ou s’expliquer avec le détenu qui lui avait mal parlé ?

Dossier « bancal », « à charge »

Toujours est-il que, samedi 1er octobre, le maton s’est rendu dans la cellule. Un collègue expériment­é, 30 ans d’ancienneté, proche de la retraite, l’accompagna­it. Un surveillan­t d’étage leur a ouvert sans difficulté, les laissant seuls. Une altercatio­n a alors éclaté. Le jeune maton et le détenu se sont empoignés. Le deuxième surveillan­t serait, selon la justice, resté spectateur de la scène, sans broncher. Le détenu n’a pas déposé plainte, et aucune ITT n’a été relevée.

Les deux gardiens ont été placés en garde à vue jeudi dernier, pour 48 heures. « Compte tenu de la gravité, du contexte et de la sensibilit­é des faits, nous avons considéré que cette affaire exigeait un traitement rapide », commente Xavier Bonhomme, procureur de la République de Nice. À la maison d’arrêt, certains dénoncent toutefois en interne un dossier « bancal », « à charge ».

Me Benjamin Taïeb, avocat du gardien poursuivi pour complicité, estime que les poursuites ne sont pas fondées. « Dès que le ton est monté, mon client a fait le nécessaire pour qu’ils soient séparés. Il a 30 ans de bons et loyaux services, sans aucun incident dans son parcours de surveillan­t. »

Une enquête administra­tive a été ouverte. Me Taïeb regrette que son client n’ait pas été entendu dans ce cadre. Me Antoine Dalbera, avocat du gardien suspecté de violences volontaire­s, estime pour sa part « qu’en l’absence de plainte, D’ITT et en présence de versions contradict­oires qui restent à éclaircir, les modalités du contrôle judiciaire sont parfaiteme­nt disproport­ionnées ».

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(Photo d’archives N-M) Les faits se sont produits dans une cellule au sein de la maison d’arrêt de Nice.

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