Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« Pas de relâchemen­t » dans la sécurisati­on de la Prom’

L’ancien Président François Hollande, entendu hier par la cour d’assises spéciale de Paris, affirme que « tous les effectifs de police possibles ont été mis à » ce soir-là. Colère des parties civiles.

- À PARIS, MATHILDE TRANOY mtranoy@nicematin.fr

Pourquoi la fête du 14 juillet at-elle été maintenue en dépit d’une menace terroriste élevée ? Les forces de l’ordre étaientell­es en nombre suffisant pour sécuriser la promenade des Anglais ce soir-là ? C’est à ces questions que les victimes de l’attentat de Nice espéraient obtenir enfin des réponses.

Ce soir-là, un assaillant au volant d’un camion de 19 tonnes avait volontaire­ment pris pour cible la foule rassemblée sur la promenade des Anglais pour assister au feu d’artifice.

Il avait tué 86 personnes et plus de 450 blessés.

Vêtu d’un costume bleu marine porté sur une chemise blanche sur laquelle se détache une cravate à petits pois, l’ancien président de la République François Hollande s’avance à la barre de la cour d’assises spéciale de Paris. « La force d’une démocratie, c’est qu’elle juge en droit et non par esprit de vengeance et c’est en quoi, même dans le malheur, notre République reste digne », commence l’ancien chef de l’état avant de retracer le contexte géopolitiq­ue dans lequel se trouvait la France en 2016.

« Montrer que nous continuons à vivre »

fait « Nous étions dans une menace qui demeurait élevée mais qui changeait de mode d’emploi. L’état islamique avait subi des pertes et ses moyens d’action étaient amoindris. Nous redoutions l’action de personnes pas forcément en lien avec une organisati­on mais qui pouvaient commettre des attentats, soit au moyen d’un couteau soit par l’utilisatio­n d’un véhicule », retrace l’ancien président de la République.

Dans ces conditions, pourquoi avoir maintenu le feu d’artifice du 14 juillet ?

« Maintenir le 14 juillet, c’est une décision qui a été prise mais pas seulement à Nice. Nous étions dans l’idée que les manifestat­ions devaient avoir lieu pour montrer que nous continuons à vivre, développe calmement François Hollande. Par ailleurs son annulation n’a pas été demandée. »

Anticipant une éventuelle question, il s’empresse de préciser :

« Il n’y a pas eu de relâchemen­t après la Cop 21 de 2015 et l’euro de football 2016. Toutes les forces sur le terrain ont été maintenues. »

Sur la sécurité des fêtes en plein air, « c’était aux services préfectora­ux et aux collectivi­tés territoria­les d’assurer la mise en oeuvre de ce que nous avions arrêté en conseil de défense », précise-t-il néanmoins.

« Il y a eu défaillanc­e puisqu’il y a des familles endeuillée­s »

« La sécurisati­on de la Promenade n’était-elle pas un échec ? », suggère un avocat des parties civiles. « Chaque fois qu’il y a un attentat, c’est un échec. Collectif, en convient, imperturba­ble, l’ancien président de la République, faisant lui-même les questions et les réponses. Est-ce que tout a été fait pour empêcher ce drame ? Tous les effectifs possibles ont été mis à

Nice. Qu’est ce qui s’est passé ? Toutes ces questions seront posées au procès civil [sur la sécurisati­on de la Prom’] et ce n’est pas à moi de répondre. Par définition, il y a eu une défaillanc­e puisqu’il y a des familles endeuillée­s. Mais à la question “est-ce que l’individu avait été détecté pour nous permettre de l’appréhende­r ?”, la réponse est non. Est-ce qu’on avait les moyens d’assurer la sécurité du 14 juillet ? La réponse du préfet et du maire de Nice a été oui ».

À la suspension d’audience c’est la déception et l’agacement qui prévalent chez les parties civiles.

« François Hollande dit qu’il y avait les effectifs de police nécessaire­s. Ceux qui étaient présents ce soir-là ont bien vu que ce n’était pas le cas, lâche Célia Viale, qui a perdu sa maman dans le drame. Ce qu’on demande, c’est que les responsabl­es politiques reconnaiss­ent quand ils font une erreur », ajoute-t-elle.

« Une partie de ping-pong »

« On assiste une fois encore à une partie de ping-pong entre l’état et la ville de Nice. François Hollande a dit que ce qui est arrivé n’était pas de sa responsabi­lité. C’est de la responsabi­lité de personne », ironise Me Mouhou, avocat des parties civiles.

Puis Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur en 2016, a succédé à l’ancien locataire de l’élysée à la barre de la cour d’assises spéciale, portant le même discours.

« Il y avait 15 000 manifestat­ions organisées en France ce soir-là. J’ai indiqué les grandes orientatio­ns, après c’est un travail en préfecture », insiste-t-il.

« Après la polémique déclenchée par d’autres [Christian Estrosi, ndlr], j’ai demandé des informatio­ns sur les effectifs de police nationale déployés sur la manifestat­ion ce soir-là. Ils étaient 64, soit 20 % supérieurs aux effectifs mobilisés l’année précédente. » « Était-ce suffisant pour assurer la sécurité de 25 000 personnes ? », interroge Me Cathy Guittard.

« On ne raisonne pas en ratio mais dans son ensemble. Il y avait aussi 42 policiers municipaux, des gendarmes sur l’a8, les policiers de la brigade anticrimin­alité et du Raid, des militaires de Sentinelle dans le Vieux Nice », énumère Bernard Cazeneuve.

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(Photo d’archives Philippe Dobrowolsk­a) François Hollande était président de la République lorsque l’attentat a eu lieu.
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