Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
François Molins : « Le prélèvement de l’intégralité des organes n’était pas indispensable »
Hier matin devant la cour d’assises spéciale, François Molins, procureur au parquet de Paris en charge des attaques terroristes pendant 7 ans, a resitué l’attentat de Nice dans l’évolution de la menace terroriste.
« Depuis 2012 et l’affaire Merah, la France est confrontée à l’émergence d’une nouvelle forme de djihad qui prône l’action individuelle car plus difficilement détectable, rappelle-t-il. En 2016 le numéro 3 de Daesh venait de réitérer un appel à l’attentat “contre les incroyants par tous les moyens possibles : attaque au couteau, en les précipitant du haut d’un immeuble ou en les écrasant avec des voitures”. L’attentat de Nice s’inscrit dans cette catégorie d’attentat inspiré par la propagande mortifère de l’etat islamique ».
173 organes prélevés inutilement ?
Sujet très attendu des parties civiles, la médecine légale et les prélèvements massifs d’organes, 173 au total, sur 14 victimes.
« J’ai conscience qu’il s’agit d’un sujet difficile pour les victimes. La loi du 17 mai 2011 dit que dans le cadre de l’autopsie, le praticien va procéder aux prélèvements biologiques nécessaires. La loi n’impose pas que l’autorisation soit demandée aux familles mais qu’elles en soient informées », explique François Molins.
« Ce n’est pas parce qu’on connaît la cause de la mort qu’on peut se dispenser d’une autopsie. Elles peuvent venir compléter les constatations d’une scène de crime, soit les contredire. Ça peut arriver que ça ne serve à rien mais on ne peut pas en faire l’impasse dans une procédure criminelle. Le terroriste a tiré sur les policiers, les policiers ont aussi tiré. Des balles perdues avaient-elles atteint des passants ? Cela justifiait le protocole d’autopsies pour répondre aux familles sur la cause du décès et les circonstances dans lesquelles il est intervenu. Le but n’était pas de protéger l’hôpital et les soignants. »
«Ilyaeuunexcès de zèle »
« Le prélèvement de l’intégralité des viscères n’était à mon sens pas indispensable. Le prélèvement d’une petite partie des tissus suffisait », estime François Molins qui décrit « un excès de zèle » de la part l’institut médicolégal de
Nice.
« Des prélèvements sont restés à l’institut médicolégal, déplore Me Virginie Leroy. Pourraient-elles être restituées aux familles ? »
« Je ne vois pas d’autres solutions que de faire une restitution » répond François Molins. Une déclaration saluée, dans la salle, par des applaudissements
« Je sais qu’on n’a pas été parfaits. On a fait tout notre possible pour prendre en charge les victimes avec humanité et professionnalisme », conclut le magistrat.