Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« Ne pas oublier les victimes des répressions en URSS »
Ils étaient peu nombreux, mais leur action était avant tout symbolique : hier matin, des membres de L’ONG russe Memorial et des anonymes étaient rassemblés au pied du monument aux Morts de Nice pour une lecture publique des noms des victimes des répressions politiques en URSS. Cet événement est né il y a 15 ans. « C’était alors le 70e anniversaire de la Grande Terreur de 1937-1938, au cours de laquelle de nombreuses personnes ont été enfermées dans des camps de concentration et n’en sont jamais revenues », commente Natalia Petrova, chargée des relations presse de Memorial, et dont le grand-père a disparu dans ces circonstances.
« Près de 3 millions »
La date du 29 octobre a été choisie car c’est la veille de la journée civile des prisonniers politiques en URSS, créée par les prisonniers des camps politiques soviétiques en 1974, et devenue, en 1991, Journée nationale du souvenir des victimes de la terreur.
« Il y a 15 ans, la première lecture publique des noms s’est déroulée à Moscou, près de la pierre des Solovki, ramenée d’un de ces camps de concentration. Il est important pour nous de maintenir cette commémoration pour ne pas oublier toutes les victimes de la répression politique en URSS (on estime qu’elles pourraient être près de 3 millions) », affirme Natalia Petrova. Parmi les personnes présentes hier, des Russes. « Notre démarche est avant tout commémorative. »
Prix Nobel de la paix
Toutefois, ils confessent avoir peu communiqué sur leur action « car vis-à-vis de la situation actuelle, nous ne voulons pas que ce soit mal interprété. D’autant que parmi les noms des listes de Memorial figurent des Ukrainiens, des Géorgiens, des Russes, etc. C’est toute la communauté soviétique qui était concernée », résume Natalia. Cette dernière a souhaité mettre sur pied la lecture à Nice alors que deux événements similaires ont eu lieu à Paris et Strasbourg, ainsi que dans de nombreuses villes dans le monde. « Mais pas à Moscou. Depuis deux ans, l’événement y est prohibé. On a de plus en plus de difficultés à travailler. »
L’ONG Memorial bénéficie toutefois du soutien de la communauté internationale. Elle vient ainsi d’obtenir le Prix Nobel de la paix, attribué aussi au militant des droits humains biélorusse Ales Bialiatski et au Centre ukrainien pour les libertés civiles. Un symbole.
> Rens. https://memorial-france.org/