Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

À la maison d’arrêt, les détenus créent leur jardin

Une mini-ferme de permacultu­re a été créée dans l’enceinte de la prison. Des volontaire­s y suivent une formation. Le but : préparer la sortie et la réinsertio­n profession­nelle.

- LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

Un jardin à l’ombre. Du basilic, un figuier et des fleurs au pied des miradors. Depuis fin septembre, une mini-ferme de permacultu­re a été créée dans l’enceinte de la prison. 800 m2 de verdure qui allège le poids des barreaux. La directrice de la maison d’arrêt, Valérie Mousseeff, fait la visite : « ce projet de développem­ent durable a été lancé par Patrick Deniaud, l’ancien responsabl­e administra­tif et financier qui est parti à la retraite en mai. Nous avons remporté un appel d’offres et 23 00 euros financés par la direction interrégio­nale des services pénitentia­ires de Marseille pour le mener à bien ».

Une initiative saluée par l’adjointe au maire déléguée à l’agricultur­e urbaine, Catherine Moreau : « Je vous propose d’adhérer au réseau des ambassadeu­rs du végétal ».

« Alimenter la cuisine de la prison »

On dépasse un arbousier, un pamplemous­sier. Contre un mur, des bacs en bois plantés d’aromates et de frêles pensées plantées par les détenus.

Neuf d’entre eux suivent une formation jusqu’en janvier. Ils binent, taillent, arrosent, sèment et cultivent leur jardin. « Le but est d’alimenter la cuisine de l’établissem­ent et de L’assiette bleue , le restaurant du personnel » , détaille Betty de l’associatio­n Préface, qui intervient à la maison d’arrêt de Nice depuis 2011.

Mais pas seulement. L’initiative veut aussi « préparer les détenus à la sortie, c’est de la remobilisa­tion profession­nelle, sociale et personnell­e ».

Au fond, il y a une petite serre. Ici poussent du persil et des salades dans de tubes, selon la technique de l’aéroponie, développée par l’entreprise Cueillette urbaine qui l’a installé à la maison d’arrêt.

« On est dehors, pas en cage »

« Cette expérience parle aussi de valeurs communes de respect des personnes, des process et de l’environnem­ent », poursuit Valérie Mousseeff tandis qu’hervé, un des formateurs, joue les guides dans « cette petite réserve de vert ».

Un bol d’air, comme un petit air de liberté : « Quand on jardine, on est dehors, pas en cage », apprécie Massimo.

« Avant d’être incarcéré, je voulais suivre une formation au lycée horticole d’antibes. Finalement, je l’ai fait ici », sourit David.

À côté de lui, Jason renchérit : « On est contents de pouvoir apprendre ».

Pour Adel, « c’est une découverte ». Avant la prison, il était dans le BTP. Mais l’expérience a changé quelque chose en lui : « J’irais plus sur les chantiers, je préfère les espaces verts ».

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(Photo Frantz Bouton) Les plantes et légumes du jardin de la prison alimentero­nt la cantine des détenus et le restaurant du personnel.

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