Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
La semaine vagabonde de Denis Carreaux
Lundi
Le prix du rêve. L’inflation produit des effets inattendus. Avec une rémunération de 630 millions d’euros sur trois ans (hors contrats de sponsoring), Kylian Mbappé devrait pouvoir affronter sans trop de difficultés cet hiver les hausses du prix de l’énergie et du kilo de riz. Ainsi que le révèle Le Parisien , le contrat au PSG du prodige de Bondy est tout simplement le plus important de l’histoire. Si personne ne songe à remettre en cause le talent exceptionnel de Kylian Mbappé, ces millions donnent le tournis. Le débat autour de la rémunération des footballeurs n’est certes pas nouveau, mais on peut s’interroger, en cette période dite de sobriété, sur le sens de tels montants. À l’image de celui du p.-d.g. de Total, Patrick Pouyanné, les salaires de capitaines d’industrie responsables du sort de centaines de milliers de personnes font pousser des hauts cris en France. Pas ceux, autrement plus élevés, de footballeurs salariés. Il faut dire que les sportifs font rêver, pas les grands patrons. CQFD.
Mardi
LR privé d’oxygène. Emmanuel Macron n’est pas le seul à se retrouver pris en tenailles entre la Nupes et le RN. En ralliant la motion de censure de la gauche, Marine Le Pen réalise un double coup politique. Non seulement elle revient au premier plan, mais elle met aussi cruellement en lumière la faiblesse de l’espace politique des Républicains, réduit à peau de chagrin. En ne barrant pas la route au gouvernement, LR et ses 62 députés prennent le risque de ne plus apparaître comme une force d’opposition. D’autant que Nicolas Sarkozy vient d’encourager à nouveau ses amis de droite à se rapprocher de la majorité présidentielle. Chez Les Républicains, privés d’oxygène et dépourvus de leader, il y a péril en la demeure. Début décembre, l’élection à la présidence du parti sera clairement celle de la dernière chance. L’occasion de retrouver (ou pas) une ligne, de se doter d’un projet politique et d’un candidat pour 2027.
Mercredi
Des gens bien. C’est une mésaventure banale. De celles que vivent des milliers de gens chaque jour. Faire un malaise en pleine rue, un soir, dans une ville qui n’est pas la sienne. Se réveiller après une courte perte de connaissance, entouré d’anges gardiens. Celui qui vous accompagnait et vous a vu défaillir. La serveuse du restaurant devant lequel vous vous êtes étalé comme une crêpe. Des pompiers de Monaco en civil qui passaient par là. Tout ce petit monde a les bons réflexes, vous entoure d’un drap, d’une polaire et de bienveillance. C’est le cas aussi des pompiers de Valence qui vous prennent en charge dans leur camion, aussi professionnels qu’humains, puis des personnels du CHU, prévenants et attentifs en dépit des patients qui s’accumulent, s’excitent, vocifèrent ou vomissent dans un service d’urgences en sous-effectif chronique. Cette France qu’on dit déprimée, individualiste et fracturée, c’est aussi ça. Des gens bien.
Jeudi
Au musée du rallye. À La Remise, au coeur du village de carte postale d’antraigues-sur-volane (Ardèche), la patrie de Jean Ferrat, on vous accueille avec le sourire, des souvenirs et une tarte aux pommes confites. Ancien restaurant transformé en musée du rallye Monte-carlo, l’antre d’yves Jouanny est un passage obligé pour tout amateur de sport automobile. Un sanctuaire dans lequel les plus grands champions aimaient hier se retrouver entre deux spéciales, et dans lequel on vient désormais admirer les photos dédicacées des pilotes et des coupures de presse d’antan. Aujourd’hui, c’est le E-rallye, version électrique de l’épreuve, qui fait étape à Antraigues. Des pilotes anonymes découvrent le lieu et Bruno Saby, qui dispute l’épreuve au volant d’une voiture à hydrogène, refait le monde autour d’une omelette aux cèpes. Un mélange unique de passé et de présent, de nostalgie et d’amitié.
Vendredi
Risque zéro. Attention, terrain glissant. Comme l’année dernière, le gouvernement décide à la dernière minute d’accorder une tolérance aux automobilistes circulant dans les régions montagneuses. En vertu de la loi Montagne 2 applicable dans 48 départements (dont le Var et les Alpes-maritimes), les usagers ne seront pas sanctionnés à partir du 1er novembre s’ils ne sont pas équipés soit de pneus hiver ou quatre saisons, soit de chaînes. En ne mettant pas en oeuvre l’amende forfaitaire avant la fin de l’année (au moins), l’exécutif fait en sorte de ne pas ajouter une contrainte supplémentaire aux automobilistes. Entre tarifs des carburants, hausse du prix des voitures et zones à faible émission chassant des villes les véhicules des plus polluants, ils ont déjà leur compte ! Comme il l’a fait à deux reprises en repoussant la mise en oeuvre du contrôle technique obligatoire pour les deux-roues, l’exécutif ne veut pas courir le risque d’allumer la moindre nouvelle étincelle, trois ans après le début du mouvement des « gilets jaunes ».
Samedi
Le casse-tête du renouvelable. La mobilisation contre un projet de parc géant de panneaux photovoltaïques dans le Lot illustre parfaitement l’ampleur du casse-tête autour du développement des énergies renouvelables en France. Les bonnes intentions se heurtent à une vérité qui dérange : produire de l’énergie autrement peut faire du bien à la planète, mais nuire aux paysages, donc… à l’environnement. Avec ses 19 hectares, soit l’équivalent de 20 terrains de foot, et ses murs de 2,50 mètres de haut, le projet de Totalenergies fera forcément tâche en face de Saint-cirq-lapopie, un des plus beaux villages de France. Faut-il s’habituer à voir pousser de telles verrues ? Qu’il s’agisse d’éoliennes ou de photovoltaïque, la question mérite d’être posée avant qu’il ne soit trop tard.
« Pour Les Républicains, l’élection à la présidence du parti sera celle de la dernière chance.»