Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Ce que l’on sait sur la fugue des mineurs non accompagnés Plus de la moitié des jeunes migrants secourus par le bateau affrété par l’association humanitaire SOS Méditerranée ont quitté l’hôtel où ils étaient logés à Toulon, avant leur régularisation.
« On sait très bien que certains
vont fuguer », nous confiait Caroline Serre, directrice de l’action sociale du Var, vendredi 11 novembre. Soit le soir de l’arrivée à l’hôtel Aux trois mûriers des 44 mineurs non accompagnés (MNA), secourus par l’ocean Viking au large de la Libye. Elle avait vu juste. C’était une question de jours, le temps qu’ils se remettent de leur périple. Une semaine plus tard, ils sont plus de la moitié à avoir fugué, selon Le Figaro. C’est ce qu’a confirmé Jean-louis Masson, président du Département du Var.
■ Combien de MNA ont fugué ?
26 au total. Trois avaient déjà quitté leur hébergement provisoire, 48 h après leur accueil par les services sociaux du Département, dont plusieurs psychologues et médecins spécialisés.
■ Pouvait-on s’y attendre ?
Oui, d’après l’expérience des équipes sur place qui gèrent des mineurs non accompagnés tout au long de l’année, et qui savaient que certains ne voulaient pas rester en France.
■ Pourquoi sont-ils partis ?
Pour rejoindre des membres de leur famille ou de leur entourage dans plusieurs autres pays. Jeanlouis Masson cite « l’allemagne, la Suède et la Norvège ». Essentiellement pour les Érythréens, qui composaient la grande majorité des 44 MNA de l’ocean Viking.
■ Comment ont-ils fugué ?
« Ils ne se sont pas enfuis par la fenêtre, précise le président du Département. Ils sont partis par la porte. Point barre. Visiblement, ils connaissaient bien la législation française. » Ils ont emporté avec eux un sac-poubelle avec quelques habits de rechange. Certains ont également des téléphones portables.
■ Pouvait-on les en empêcher ?
Non. Un dispositif de sécurité avait bien été mis en place pour gérer le flux d’entrées et de sorties, mais c’était pour les protéger du monde extérieur, pas pour les y enfermer. D’ailleurs, ils sont repartis avec leur procès-verbal, leur seul papier, rédigé par les autorités françaises dans le centre de la presqu’île de Giens, le jour de leur arrivée.
■ Sont-ils dans l’illégalité ?
Oui. « En quittant l’hôtel où ils étaient hébergés par le Département, ils savaient qu’ils se mettaient en situation d’illégalité, glisse Christophe Paquette, directeur général adjoint chargé des solidarités.
■ Étaient-ils réellement mineurs ?
Parmi les premiers examens reçus, un seul cas soulevait des questions. Il aurait alors fallu faire « des analyses complémentaires » pour affiner le diagnostic des médecins. Tous ont au moins un visa biométrique.
■ Quelles conditions d’hébergement ?
Elles étaient correctes. Récemment rénové, l’hôtel Aux trois mûriers disposait de 30 petites chambres très sobres, avec sanitaire et télévision. Une fratrie de quatre Maliens, dont deux filles, a pu partager la même chambre. Les trois autres filles étaient logées au premier étage. Ils étaient également nourris sur place.
■ Que vont devenir les 18 autres MNA ?
Une fois leur minorité certifiée, à la direction de la justice des mineurs d’intervenir (qui dépend du ministère de la Justice). Les 18 mineurs non accompagnés qui restent devraient être placés dans des centres d’accueil d’autres départements, moins tendus que ceux du Var qui supervise déjà 2 300 MNA.