Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Aspremont : le transfert des routes fait grincer

Des habitants du village sont convaincus que derrière un projet de transfert de routes privées à la Métropole se cache la volonté de débloquer un projet de lotissemen­t à l’arrêt.

- ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

Aspremont, petite commune collinaire à 30 minutes de Nice. Ici, le projet de transfert de plusieurs voies actuelleme­nt privées, à la Métropole Nice Côte d’azur, fait grincer quelques mâchoires. En particulie­r la route de la Cima, qui serpente sur les hauteurs du village, orientée sud, avec vue imprenable sur la plaine du Var. Elle a fait l’objet d’une enquête publique, qui vient de se terminer.

Des habitants s’y opposent et ont lancé une pétition. Argument récurrent : ils ne veulent pas que leur propriété soit rognée par la route élargie. Mais d’autres soutiennen­t qu’il y a un but caché. « Alors que le maire défend publiqueme­nt une urbanisati­on modérée, il veut construire sur la colline », assure Jean-jacques Clarasso, président de Cairn, l’associatio­n de quartier.

Le maire craint « les risques de contentieu­x »

Ces riverains, mais aussi l’unique opposant au maire, Gilles Le Morvan, dénoncent des « irrégulari­tés » de l’enquête publique : commissair­e-enquêteur « partial » et disparitio­n de documents en mairie. Notamment une lettre du 9 février dans laquelle le maire, Pascal Bonsignore, s’adresse à Christian Estrosi, président de la Métropole, au sujet du transfert de la route de la Cima et d’une autre, la route de Barri. Le maire demande un « lancement prioritair­e de la procédure de transfert ». Car, écrit-il, « la précision de qualificat­ion de ces deux voies [est] déterminan­te dans plusieurs dossiers d’instructio­n de permis de construire, il est très important pour la commune, au regard des risques de contentieu­x que les procédures puissent aboutir rapidement ».

Permis de construire bloqués

Quels contentieu­x ? Quels permis de construire ? Les opposants sont convaincus qu’il s’agit des Vignes, lotissemen­t mené depuis des années par Jean-louis Bres (décédé en avril), au bout de la route de la Cima.

À travers ses entreprise­s Sirolèse constructi­on et les Hauts d’aspremont, l’entreprene­ur BTP a construit des premières habitation­s sur ce terrain familial, mais d’autres projets de villas ont été bloqués par la suite, après que les riverains ont alerté les pouvoirs publics. Le lotissemen­t n’est accessible que par une unique voie de retourneme­nt, classée en zone rouge éboulement­s.

Ce qui lui a valu des blocages des autorités depuis des années : permis d’aménagemen­t annulé par le tribunal administra­tif de Nice, recours gracieux du préfet, permis refusés par le maire…

« Un lien certain »

Or, ce même petit tronçon de voie d’accès au lotissemen­t fait partie du projet de transfert à la Métropole. Ce qui obligerait les pouvoirs publics à régularise­r la situation, selon les protestata­ires. « Il y a un lien certain entre cette procédure [de transfert de la route de la Cima] et l’obtention de permis de construire pour la constructi­on de ce lotissemen­t », résume le conseiller municipal d’opposition, Gilles Le Morvan. La famille Bres n’a pas répondu à nos sollicitat­ions.

 ?? (Photo A. L.) ?? Jean-jacques Clarasso (à gauche) et Gilles Barthélémy, riverain en conflit depuis des années avec le lotissemen­t mené par l’entreprene­ur Jean-louis Brès, s’opposent au projet.
(Photo A. L.) Jean-jacques Clarasso (à gauche) et Gilles Barthélémy, riverain en conflit depuis des années avec le lotissemen­t mené par l’entreprene­ur Jean-louis Brès, s’opposent au projet.

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