Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Aspremont : le transfert des routes fait grincer
Des habitants du village sont convaincus que derrière un projet de transfert de routes privées à la Métropole se cache la volonté de débloquer un projet de lotissement à l’arrêt.
Aspremont, petite commune collinaire à 30 minutes de Nice. Ici, le projet de transfert de plusieurs voies actuellement privées, à la Métropole Nice Côte d’azur, fait grincer quelques mâchoires. En particulier la route de la Cima, qui serpente sur les hauteurs du village, orientée sud, avec vue imprenable sur la plaine du Var. Elle a fait l’objet d’une enquête publique, qui vient de se terminer.
Des habitants s’y opposent et ont lancé une pétition. Argument récurrent : ils ne veulent pas que leur propriété soit rognée par la route élargie. Mais d’autres soutiennent qu’il y a un but caché. « Alors que le maire défend publiquement une urbanisation modérée, il veut construire sur la colline », assure Jean-jacques Clarasso, président de Cairn, l’association de quartier.
Le maire craint « les risques de contentieux »
Ces riverains, mais aussi l’unique opposant au maire, Gilles Le Morvan, dénoncent des « irrégularités » de l’enquête publique : commissaire-enquêteur « partial » et disparition de documents en mairie. Notamment une lettre du 9 février dans laquelle le maire, Pascal Bonsignore, s’adresse à Christian Estrosi, président de la Métropole, au sujet du transfert de la route de la Cima et d’une autre, la route de Barri. Le maire demande un « lancement prioritaire de la procédure de transfert ». Car, écrit-il, « la précision de qualification de ces deux voies [est] déterminante dans plusieurs dossiers d’instruction de permis de construire, il est très important pour la commune, au regard des risques de contentieux que les procédures puissent aboutir rapidement ».
Permis de construire bloqués
Quels contentieux ? Quels permis de construire ? Les opposants sont convaincus qu’il s’agit des Vignes, lotissement mené depuis des années par Jean-louis Bres (décédé en avril), au bout de la route de la Cima.
À travers ses entreprises Sirolèse construction et les Hauts d’aspremont, l’entrepreneur BTP a construit des premières habitations sur ce terrain familial, mais d’autres projets de villas ont été bloqués par la suite, après que les riverains ont alerté les pouvoirs publics. Le lotissement n’est accessible que par une unique voie de retournement, classée en zone rouge éboulements.
Ce qui lui a valu des blocages des autorités depuis des années : permis d’aménagement annulé par le tribunal administratif de Nice, recours gracieux du préfet, permis refusés par le maire…
« Un lien certain »
Or, ce même petit tronçon de voie d’accès au lotissement fait partie du projet de transfert à la Métropole. Ce qui obligerait les pouvoirs publics à régulariser la situation, selon les protestataires. « Il y a un lien certain entre cette procédure [de transfert de la route de la Cima] et l’obtention de permis de construire pour la construction de ce lotissement », résume le conseiller municipal d’opposition, Gilles Le Morvan. La famille Bres n’a pas répondu à nos sollicitations.