Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« On sait qu’on fait un métier à risque » : le quotidien difficile d’inspecteur des impôts
« On est dans l’émotion », souffle, au téléphone, Odile Girard-pagola, secrétaire départementale de la CGT finances publiques des Alpes-maritimes, dont la voix se brise en évoquant l’assassinat de l’agent et l’agression de la vérificatrice qui l’accompagnait. Elle a rendu visite hier matin à ses collègues de la brigade de vérificateurs (agents qui réalisent les contrôles externes) de l’antenne de Grasse.
« On sait qu’on fait un métier à risque. Mais mourir pour son métier, c’est quelque chose qu’on n’a pas vraiment envisagé », résume-t-elle. Lors d’un contrôle fiscal, « nous intervenons seul, sauf en Corse où il a été demandé de se déplacer en binôme. Dans le Pas-decalais, la vérificatrice, ne sentant pas le contribuable, a probablement demandé à son supérieur de venir avec elle. Et c’est lui qui est mort. Souvent, le contribuable est accompagné de son comptable le jour du rendez-vous. Ce qui n’était pas le cas dans cette affaire, or, c’est bien qu’il y ait une tierce personne en cas de contrôle tendu », commente Odile Girard-pagola.
« Quand le contribuable est trop menaçant, on essaie de le convier au bureau. Même si on est seul avec lui dans le bureau, on n’est pas isolé. On se sent moins vulnérable », poursuit-elle.
« Je gare la voiture loin du lieu de rendez-vous »
Le métier est-il dangereux ? Les agents se sentent-ils parfois en danger sur le terrain ? « Ben oui », répondent en choeur les vérificatrices de l’antenne de Grasse. « Je gare la voiture loin du lieu de rendez-vous pour ne pas que le contribuable me suive, relève la plaque d’immatriculation et me retrouve », explique l’une d’elles. « Lors de l’entretien, on essaie d’être discret sur notre vie privée, de ne pas donner d’élément susceptible de révéler où on habite », ajoute une autre. « On a souvent des remarques sur le fait qu’on est là pour enfoncer les entreprises, déplore l’élue CGT. Alors qu’on est juste là pour appliquer la loi qui a été votée par des élus de la République. Les politiques ne nous aident pas, surtout ceux qui véhiculent le message qu’en France on paie trop d’impôts. On ne se sent pas soutenus. Nous n’avons pas constaté de hausse de l’agressivité ni des violences verbales et physiques en cette période de crise économique. Mais le consentement à l’impôt est en régression. »