Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

École Nikaia : la cruelle déterminat­ion de l’accusé

Au 2e jour son procès, Nikoloz Gulisashvi­li, 38 ans, jugé pour la tentative d’assassinat en 2019 à de Rita, la mère de leurs deux enfants, est décrit comme un mari violent et menaçant.

- CHRISTOPHE PERRIN

À8 h 30, le 7 février 2019, comme chaque matin devant la grille de l’école primaire Nikaia, les enfants s’engouffren­t dans un joyeux désordre, une bruyante insoucianc­e. Depuis l’attentat du 14-Juillet, l’équipe scolaire est sur ses gardes. Le directeur de la maternelle et un professeur veillent à répondre aux éventuelle­s questions des parents tout en les empêchant de pénétrer dans l’enceinte de l’établissem­ent. Marie-françoise, la gardienne, surveille le flux des élèves, bouton d’alarme en poche. « J’ai aperçu un homme poser son scooter, casqué. Puis je l’ai vu donner des coups. J’ai pensé à des coups de poing , se souvient-elle. Ensuite j’ai vu le couteau. J’ai appuyé sur le bouton pour que la police intervienn­e. »

Parents sidérés

Marie-françoise se précipite vers Rita, la victime : « Une dame blonde... Elle saignait beaucoup. » L’agression est aussi subite que violente. Des parents restent sidérés, des enfants sont effrayés. Thierry Lemaître, le directeur hurle : « Séparez-les, séparez-les ». « J’ai empoigné le Monsieur, se remémore Guillaume, professeur. Il ne relâchait pas son étreinte. J’ai ressenti sa force physique, sa déterminat­ion. J’ai compris que ce n’était pas une simple dispute. » Nikoloz Gulisashvi­li, couteau en main (de type Opinel), finit par s’enfuir en courant. Un parent d’élève, ancien policier géorgien, parvient à faire chuter son compatriot­e et à l’immobilise­r jusqu’à l’arrivée des forces de l’ordre. Rita reste consciente malgré les six plaies par arme blanche qu’elle présente. Elle confie à Céline, gestionnai­re de l’école, que la veille, elle a déposé plainte, fatiguée des violences subies. Fine silhouette et voix à peine audible, engoncée dans son anorak comme pour se cacher de son bourreau, Rita raconte, ce jeudi, son quotidien de femme battue, d’épouse soumise, terrorisée, sous emprise.

Sous emprise

Le psychologu­e qui la suit lui a déconseill­é d’assister à l’intégralit­é du procès, rappelle Me Olivier Giraudo, son avocat. Le jour du drame, elle vient déposer ses enfants de 6 et 9 ans à l’école. La petite confiera à la brigade criminelle qu’elle a perçu dans le regard de son père, qu’il allait « se passer quelque chose. »

« Je suis venu te tuer », annonce Nikoloz Gulisashvi­li à Rita. Elle n’est même pas surprise tant elle a reçu de menaces de mort. Son exmari sent qu’elle lui échappe définitive­ment. Il s’est déchaîné dans les jours précédents : « Je vais devenir ton cauchemar. » Signé : « Tueur potentiel. » Il la tire par les cheveux et lui porte un coup de couteau en pleine gorge. « Je vais te vider de ton sang », avait-il annoncé. Ce sang chaud qu’elle sent couler sous son épaisse écharpe avant de s’écrouler. Verdict attendu aujourd’hui.

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(Photo Benoît Guglielmi) Rita venait de déposer plainte contre son ex-mari. Elle a été poignardée alors qu’elle venait de déposer ses enfants à l’école.

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