Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Chafroud et Ghraieb, dans le viseur des avocats
Les plaidoiries des parties civiles se sont succédé devant la cour d’assises spéciale de Paris au procès de l’attentat du 14 juillet 2016 à Elles se poursuivent jusqu’au 2 décembre.
M eLaurent Denisperaldi s’accroche à la barre de la cour d’assises spéciale de Paris, au procès de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice. Il ne la lâchera plus avant d’avoir terminé sa démonstration qui part d’un postulat : « L’attentat n’a pas été perpétré au doigt mouillé, il a été préparé selon un scénario très organisé ».
Le mot complice est lâché
Un projet mortifère où « tout a été minutieusement planifié ». L’organisation en ellemême de l’attentat « faisait partie du fantasme. Ça animait le terroriste qui a bénéficié de souffleurs de braise », appuie l’avocat. Certains des accusés ont-ils motivé Bouhlel ?
Pire, décrypte maître Denisperaldi.
Téléphonie, bornage, images de vidéosurveillance : il est persuadé que l’un des trois accusés d’association de malfaiteurs terroriste, Chokri Chafroud, a pris une part active dans l’élaboration du funeste projet. Persuadé aussi que l’un de ses amis est impliqué. S’il n’est pas mis en cause, la cour a déjà entendu parler de lui : le vendeur de pastèques de la promenade des Anglais. « Éléments à l’appui », l’avocat niçois ébauche un scénario : il aurait été recruté par Chafroud pour servir de « chouf », le soir du massacre.
Dès 20 heures, Bouhlel, à vélo, a besoin de quelqu’un pour surveiller la zone qui va être le théâtre de sa folie terroriste, pour aller chercher son camion. « Je sais que je suis au-delà, mais si Chafroud a recruté le guetteur, (...) ça en fait un complice », assène Denis-peraldi.
« Travestissement de la vérité »
Chafroud ? « Il ment tellement que ça revient à dire la vérité », sourit à son tour Me Philippe Soussi. Chafroud ? « C’est Le même dossier que l’autre accusé », sur lequel l’avocat niçois va s’appesantir. L’autre c’est Mohamed Ghraieb, qui a offert tout au long du procès
« un spectacle hallucinant de travestissement de la vérité ». Pour tout. Absolument tout.
« Il aura fallu beaucoup de tempérance aux victimes pour entendre ce qu’elles ont entendu », soupire l’avocat. Qui détaille les mensonges,
« sa marque de fabrique » , et les rend encore plus absurdes.
Place aux avocats des parties civiles avant les réquisitions le 6 décembre.
Encore plus ridicules. Et surtout plus flagrants. Me Soussi éclaire son propos : « Si les mensonges ne fabriquent pas un coupable, l’appréciation de la sincérité est importante dans une cour
d’assises. Si chaque élément ne fait pas de lui un coupable, que dire de leur empilement, de leur mise en perspective ».
C’était, hier, le deuxième jour des plaidoiries des avocats
des parties civiles, centrées, comme mercredi, sur ces deux accusés. Les six autres ? Rien encore, ou pas grand-chose.