Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Pour défendre les droits des femmes, elles font grève
Un appel à la grève est lancé pour la journée des droits des femmes, demain. Très suivi en Espagne, plus confidentiel en France. La librairie Les Parleuses, à Nice, a décidé de s’y mettre.
Sur deux tables à l’écart des dernières sorties littéraires, des ouvrages donnent le ton.
La Charge mentale des femmes, Contes de fées queer, Fontaine, Dans la tête des hommes violents… Bienvenue aux Parleuses, café libraire de la rue Defly, à Nice. Mais cette adresse féministe n’ouvrira pas demain, vendredi 8 mars. Anouk et Maud, les gérantes, ont décidé de suivre l’appel à la grève lancé à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.
Pas la journée de la femme, non.
« J’ai déjà vu des gens offrir des fleurs, souffle Anouk Aubert. Ce n’est pas la journée de la femme. J’espère avoir 364 autres jours… »
Par cohérence et pour donner des idées
Le 8 mars, c’est la journée lors de laquelle associations, collectifs, syndicats et individu (e) s mettent en lumière la nécessité du combat pour l’égalité entre hommes et femmes.
Pour la première fois depuis qu’elles ont ouvert en 2018, les gérantes des Parleuses feront grève. Une forme de lutte très répandue en Espagne ou en Amérique latine. Moins en France.
« J’avais fait grève quand j’étais fonctionnaire, retrace Anouk. Là, ça fait cinq ans qu’on n’ose pas. On est un commerce extrêmement fragile, une journée, ça compte. En Espagne, il y a des millions de grévistes, elles ont réussi à s’organiser, à faire des caisses de grève, etc. Je ne sais pas pourquoi en France, on n’arrive pas à se dire qu’il faut défaire ce système patriarcal et capitaliste. »
Mais c’était devenu une nécessité.
« On est une librairie féministe et, le 8 mars, on gagnait notre vie. J’avais l’impression d’un manque de cohérence. Alors on fait grève. Je me sens moins essentielle que les infirmières ou les enseignantes mais peut-être que ça donnera l’idée à d’autres commerces… »
Une femme violée toutes les sept minutes en France
De cette lutte contre le « système patriarcal », Anouk revient avant tout sur les violences, sexuelles et physiques.
« En France, une femme est violée toutes les sept minutes. Statistiquement, on connaît tous quelqu’un. Et le pourcentage de condamnations est catastrophique. Je suis terrorisée de vivre dans ce monde. Je ne sais pas comment on peut ignorer ces chiffres. »
« Bertrand Cantat [chanteur condamné pour avoir tué sa compagne Marie Trintignant] sort encore un album… Il y a zéro signal fait à ces hommes au pouvoir. Il faut faire baisser les chiffres de ces violences. Ça va avec l’égalité salariale, la représentation, les noms de rue… » Demain, elle ira donc manifester avec ses filles. Et interroge :