Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Villeneuve-loubet se mobilise pour le Tibet libre
Jusqu’à dimanche, la commune fête, pour la 10e année, son soutien au Tibet libre. Marraine de l’événement, l’actrice Véronique Jannot confie ses espoirs et ses doutes pour le peuple exilé.
Depuis dix ans, Villeneuveloubet porte trois quarts de siècle d’exil. Puissant héritage, noble fardeau. Endeuillé de souffrances et magnifié d’espoirs. Ceux des Tibétains, peuple à la fois martyr et missionnaire. Martyr depuis l’invasion chinoise de 1959 et son lot de massacres, d’humiliations. Missionnaire par cette foi inébranlable en la paix, toujours défendue par la diaspora.
À partir d’aujourd’hui, cette cause trouve un étendard en la ville azuréenne qui fêtera, dimanche, sa 10e édition du Tibet libre ayant pour thème « Paix et bien-être ». Durant quatre jours, conférences, ateliers, expositions et méditations mettront à l’honneur la culture tibétaine (lire programme cicontre).
Mais en une décennie, si la journée du Tibet libre est devenue une référence, elle peine à se développer.
La voix de ce peuple est-elle encore audible ? L’indépendance n’est-elle qu’un rêve ? Si elle ne sera pas présente ce week-end à Villeneuve-loubet, l’actrice et chanteuse Véronique Jannot, n’en reste pas moins la marraine historique de l’évènement.
7 331 km séparent les villes jumelles de Villeneuve-loubet et de Lhassa, la capitale déchue. Après dix ans, comment comptez-vous continuer d’impliquer les Azuréens ?
Le Tibet ça semble loin, ça pourrait ne jamais nous concerner. C’est donc d’autant plus courageux de la part du maire, Lionnel Luca, d’avoir porté ce combat jusqu’ici. L’impérialisme, qu’il soit chinois ou non, menace de plus en plus nos libertés. Et la résilience des Tibétains pourrait nous inspirer.
Ces gens transpirent la paix. Leur philosophie, le bouddhisme, apprend à surpasser la souffrance par l’amour, le pardon, l’humilité et le respect suprême de la nature. Ces valeurs peuvent parler à beaucoup de monde et expliquent en partie l’engouement renouvelé autour de cette manifestation.
Ukraine, Gaza, les Ouïgours : dans ce flot d’atrocités, la cause tibétaine ne s’est-elle pas diluée ?
La voix des Tibétains n’est plus entendue. Leur pays a été rayé de la carte et le monde oublie. Depuis longtemps, d’autres conflits l’ont remplacé à la une des médias. Pourtant, de grandes tragédies s’y produisent encore. Comme la construction d’immenses barrages sur le fleuve Brahmapoutre. Avec les
villages et monastères, c’est toute une culture millénaire qui va être noyée dans la plus grande indifférence.
Il y a dix ans, vous adoptiez Migmar, une jeune orpheline tibétaine…
Je l’ai rencontrée au travers de l’association Graines d’avenir que j’ai cofondée en 2005. Grâce aux dons, elle bénéficiait d’un bon accès à l’éducation et la santé (1).
Pour cette génération exilée, quel espoir reste-t-il ?
Nous scandons Tibet Libre mais nous savons que c’est impossible. La région est trop stratégique
pour être lâchée. Et puis, la Chine est sans foi, ni loi. Même si ma fille, qui se sent tout à fait française, aimerait revoir sa famille restée là-bas, elle ne peut pas prendre le risque de se faire confisquer ses papiers. Ce qui lui reste, c’est l’espoir de préserver sa culture, de se souvenir des chansons de son village, de raconter l’histoire de son peuple d’origine (2).
1. Plus d’info sur grainesdavenir.com
2. Migmar Jannot sera présente à Villeneuve-loubet, ce week-end, pour présenter son documentaire consacré à la première génération de Tibétains exilés.