Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Impressionnants chantiers sur les falaises de Pasteur
Des travaux de confortement des falaises qui surplombent le Paillon battent leur plein. Sur deux sites, les difficultés techniques et les moyens mobilisés donnent le vertige. Un vrai défi.
C’est le plus gros chantier que j’ai jamais connu dans l’hexagone en termes de volume de travaux et de technicité. » Le responsable d’agence régional pour le groupe CAN pèse ses mots pour évoquer les opérations de confortement des falaises qui surplombent l’avenue Joseph-raybaud, sur la rive ouest du Paillon. Ludovic Mouche décrit « des conditions assez extrêmes dans un contexte urbain » sur le site dont l’entreprise pour laquelle il travaille dirige les travaux.
« Il n’y a que des difficultés »
« Depuis fin 2023, nous sommes entrés dans la phase la plus exceptionnelle de ce chantier dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par la Ville de Nice. Plus de 750 clous, variant de 18 à 25 m de profondeur dimensionnés et fabriqués spécialement pour ce chantier sont réalisés pour conforter les falaises instables allant jusqu’à 80 m de hauteur, sans impact sur le fonctionnement de la blanchisserie et du CHU. Comme pour tous les chantiers que nous menons, c’est la preuve encore une fois du travail exceptionnel réalisé par les équipes de la Ville de Nice pour mener ces travaux soutenus par l’état à travers le fonds Barnier », commente Christian Estrosi. À moins de 200 mètres en amont, c’est la société Garelli qui s’active sur une autre portion de falaise qui nécessite un renforcement. « La nature géologique de ces deux falaises est proche mais différente, donc les solutions de surface sont différentes », détaille le directeur d’exploitation travaux spéciaux du groupe niçois. « Grillage et ancrage » sur le site dit de La Glacière par les équipes de Garelli.
« On va conforter les instabilités et canaliser au pied de la falaise les petits éléments qui viendront à tomber », dit-il.
Pour CAN, il est question de
« 18 km d’ancrage, 3 000 m² de filet et 4 000 m² de parement béton », égrène Ludovic Mouche. Sur le site dit de la blanchisserie, les 25 employés évoluent jusqu’à 70 m de haut. « On va à des profondeurs de forage de 30 m », livre-t-il alors que les cordistes « sont habitués à faire des ancrages assez courts dans du rocher ».
« Il n’y a que des difficultés, résume Denis Huber dont les équipes ont à gérer une paroi qui atteint 120 m par endroits. On se croit en ville mais on est comme en pleine montagne, comme les hautes gorges de la Vésubie ou de la Tinée, c’est très vertical. »
Hélicoptères, plateformes suspendues
Pour mener à bien ces chantiers qui doivent durer jusqu’en juin 2025 pour La Blanchisserie et jusqu’à la fin de l’année pour celui de La Glacière, la logistique nécessaire est considérable. Le coût cumulé des opérations tourne autour des 10 millions d’euros.
« On doit suspendre des machines qui font plusieurs tonnes pour travailler à cette hauteur », livre Ludovic Mouche. Pour soulever ces « charges inhabituelles », deux grues ont été montées. « C’était ricrac pour les installer à cause de l’étroitesse de la zone », sourit-il. Il a également fallu faire appel à
des hélicoptères « avec de grosses contraintes de couloirs de vol très restreints », fait-on savoir. Pour le stockage : « Pas de place en haut, pas de place en bas », glisse Denis Huber. « C’est un ensemble très complexe. » Le cadre supérieur de Garelli a également dû faire attention à un voisinage tout particulier. Outre le fait que « des gens bossent en dessous », le monastère des soeurs Clarisse se trouve au sommet de la falaise. « Il y avait quelques
nécessités pour elles pour faire leurs prières, donc on doit respecter des contraintes de bruit. On n’intervient quasiment par la partie sommitale pour garantir leur quiétude », souffle Denis Huber.
Un chantier propre ?
« C’est une fierté d’être sur un projet phare comme celui-ci. C’est un défi à relever », lance Ludovic Mouche. Le responsable régional du groupe CAN s’en est posé un autre : « C’est
un chantier qu’on a souhaité autant que faire se peut, propre. »
Pour cela, ses équipes « branchent un maximum de matériel sur de l’électricité ». « On a deux compresseurs, quatre groupes hydrauliques. Dans nos chantiers habituellement, vu la durée du chantier et l’importance du chantier, c’est un chantier dans le chantier », lâche-t-il. Résultat : « Ça le rend presque propre. »