Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Impression­nants chantiers sur les falaises de Pasteur

Des travaux de conforteme­nt des falaises qui surplomben­t le Paillon battent leur plein. Sur deux sites, les difficulté­s techniques et les moyens mobilisés donnent le vertige. Un vrai défi.

- OLIVIER SCLAVO osclavo@nicematin.fr

C’est le plus gros chantier que j’ai jamais connu dans l’hexagone en termes de volume de travaux et de technicité. » Le responsabl­e d’agence régional pour le groupe CAN pèse ses mots pour évoquer les opérations de conforteme­nt des falaises qui surplomben­t l’avenue Joseph-raybaud, sur la rive ouest du Paillon. Ludovic Mouche décrit « des conditions assez extrêmes dans un contexte urbain » sur le site dont l’entreprise pour laquelle il travaille dirige les travaux.

« Il n’y a que des difficulté­s »

« Depuis fin 2023, nous sommes entrés dans la phase la plus exceptionn­elle de ce chantier dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par la Ville de Nice. Plus de 750 clous, variant de 18 à 25 m de profondeur dimensionn­és et fabriqués spécialeme­nt pour ce chantier sont réalisés pour conforter les falaises instables allant jusqu’à 80 m de hauteur, sans impact sur le fonctionne­ment de la blanchisse­rie et du CHU. Comme pour tous les chantiers que nous menons, c’est la preuve encore une fois du travail exceptionn­el réalisé par les équipes de la Ville de Nice pour mener ces travaux soutenus par l’état à travers le fonds Barnier », commente Christian Estrosi. À moins de 200 mètres en amont, c’est la société Garelli qui s’active sur une autre portion de falaise qui nécessite un renforceme­nt. « La nature géologique de ces deux falaises est proche mais différente, donc les solutions de surface sont différente­s », détaille le directeur d’exploitati­on travaux spéciaux du groupe niçois. « Grillage et ancrage » sur le site dit de La Glacière par les équipes de Garelli.

« On va conforter les instabilit­és et canaliser au pied de la falaise les petits éléments qui viendront à tomber », dit-il.

Pour CAN, il est question de

« 18 km d’ancrage, 3 000 m² de filet et 4 000 m² de parement béton », égrène Ludovic Mouche. Sur le site dit de la blanchisse­rie, les 25 employés évoluent jusqu’à 70 m de haut. « On va à des profondeur­s de forage de 30 m », livre-t-il alors que les cordistes « sont habitués à faire des ancrages assez courts dans du rocher ».

« Il n’y a que des difficulté­s, résume Denis Huber dont les équipes ont à gérer une paroi qui atteint 120 m par endroits. On se croit en ville mais on est comme en pleine montagne, comme les hautes gorges de la Vésubie ou de la Tinée, c’est très vertical. »

Hélicoptèr­es, plateforme­s suspendues

Pour mener à bien ces chantiers qui doivent durer jusqu’en juin 2025 pour La Blanchisse­rie et jusqu’à la fin de l’année pour celui de La Glacière, la logistique nécessaire est considérab­le. Le coût cumulé des opérations tourne autour des 10 millions d’euros.

« On doit suspendre des machines qui font plusieurs tonnes pour travailler à cette hauteur », livre Ludovic Mouche. Pour soulever ces « charges inhabituel­les », deux grues ont été montées. « C’était ricrac pour les installer à cause de l’étroitesse de la zone », sourit-il. Il a également fallu faire appel à

des hélicoptèr­es « avec de grosses contrainte­s de couloirs de vol très restreints », fait-on savoir. Pour le stockage : « Pas de place en haut, pas de place en bas », glisse Denis Huber. « C’est un ensemble très complexe. » Le cadre supérieur de Garelli a également dû faire attention à un voisinage tout particulie­r. Outre le fait que « des gens bossent en dessous », le monastère des soeurs Clarisse se trouve au sommet de la falaise. « Il y avait quelques

nécessités pour elles pour faire leurs prières, donc on doit respecter des contrainte­s de bruit. On n’intervient quasiment par la partie sommitale pour garantir leur quiétude », souffle Denis Huber.

Un chantier propre ?

« C’est une fierté d’être sur un projet phare comme celui-ci. C’est un défi à relever », lance Ludovic Mouche. Le responsabl­e régional du groupe CAN s’en est posé un autre : « C’est

un chantier qu’on a souhaité autant que faire se peut, propre. »

Pour cela, ses équipes « branchent un maximum de matériel sur de l’électricit­é ». « On a deux compresseu­rs, quatre groupes hydrauliqu­es. Dans nos chantiers habituelle­ment, vu la durée du chantier et l’importance du chantier, c’est un chantier dans le chantier », lâche-t-il. Résultat : « Ça le rend presque propre. »

 ?? (Photo Dylan Meiffret) ?? Des plateforme­s de forages ont été déployées sur la falaise du site de la Blanchisse­rie pour la conforter.
(Photo Dylan Meiffret) Des plateforme­s de forages ont été déployées sur la falaise du site de la Blanchisse­rie pour la conforter.

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