Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Collège musulman fermé: la détresse des parents
Le collège musulman Avicenne de L’ariane a été condamné à fermer par le préfet jeudi. Un coup de massue pour les familles. Inquiétude, incompréhension : des mamans témoignent.
Où vont aller nos enfants ? » C’est la question que se posent les familles de la centaine d’élèves scolarisés à Avicenne, le seul collège musulman des Alpes-maritimes. L’établissement privé hors contrat, qui a ouvert dans le quartier de L’ariane en 2015, a été condamné à fermer, jeudi. Fin des cours le 6 juillet et pas de nouvelle rentrée, plus de pupitres ni de tableau noir sur ordre du préfet Hugues Moutouh qui invoque des « raisons de financements opaques et d’irrégularités financières manifestes ».
« On a l’impression que nos enfants sont dans une machine à fabriquer des terroristes mais c’est faux ! Avicenne, c’est 99 % de réussite au brevet et de beaux parcours : des élèves au lycée Masséna, des ingénieurs, de brillantes études. Aujourd’hui, on ne sait pas où nos enfants iront en septembre.
J’ai appelé plusieurs collèges publics, ils m’ont tous dit qu’ils n’avaient pas de place pour ma fille », stresse Soraya.
Sa fille est en 6e : « Depuis l’annonce du préfet, elle pleure... »
Sa mère raconte la détresse, le désarroi et l’incompréhension des mamans. Nombreuses. Et inquiètes.
« On n’est pas analphabètes parce qu’on vit à L’ariane »
« On nous traite de parents démissionnaires parce qu’on vit à L’ariane mais dès qu’on s’intéresse à nos enfants, on n’a pas de réponse. On aurait pu mettre nos enfants à Stanislas, on a choisi Avicenne en connaissance de cause : des classes uniques et l’excellence. On nous parle aujourd’hui de financements opaques… Mais l’argent détourné sur la tempête
Alex, a l’air moins grave...» Soraya reprend son souffle : « C’est de l’acharnement, tout le monde le sait. Ce n’est parce qu’on est musulmans et qu’on habite à L’ariane qu’on est des analphabètes. Nos parents et nos grands-parents l’étaient. Mais nous non, on a grandi en France et on veut le meilleur avenir pour nos enfants », poursuit Soraya. Et on se battra pour ça, embraie Manuela, une autre maman : « On va défendre nos droits et les droits de nos enfants et on gagnera. On est confiants. Avicenne, c’est une bouffée d’air pour les collèges alentour saturés d’élèves, c’est la bienveillance et de belles valeurs d’effort et de République. Et cela personne ne peut en douter. Nos enfants ne méritent pas d’être à la rue ou contraints à suivre des cours du Cned. »