Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Une légende sur les tatamis
Le Japonais Kosei Inoue, champion olympique des moins de 100 kg à Sydney, était invité à animer une session au dojo Hervé-allari de Saint-laurent-du-var.
Bien qu’organisée vendredi dans le cadre d’un partenariat liant la ligue régionale à l’équipementier Mizuno, l’opération n’a rien eu de franchement commercial (1). La magie n’a pas de prix et personne n’a donc eu à vendre son âme au diable pour partager cet instant rare, presque suspendu, où la proximité avec la légende ne peut laisser le souvenir se perdre dans les limbes du temps…
Un quart de siècle s’est donc écoulé depuis son sacre olympique en 2000, mais l’homme qui fêtera en mai ses 46 ans dégage toujours autant de charisme. Inspire le même insondable respect. Premiers frissons, dès son entrée sur le tapis…
Également triple champion du monde (1999, 2001 et 2003), dans une catégorie qui l’a vu livrer d’homériques combats face à un autre géant, Teddy Riner, Kosei Inoue continue d’exercer un troublant pouvoir de fascination. Tout en témoignant d’une désarmante modestie…
« Être ici fait sens »
Tel un messie des tatamis, il est donc venu à Saint-laurent promouvoir un sport qu’il veut ancrer dans la tradition. Face à un public conquis d’avance, tant l’aura de celui qui fut LE grand spécialiste des ashi-waza (techniques de jambes), à la technique enrobée d’une mystique guerrière, est forte. Son parcours, ses titres, et la gloire éternelle qui l’accompagne, sont tout aussi inspirants pour les nouvelles générations. Le natif de Miyakonoj, vu chez lui comme le dernier des samouraïs – qui n’avait plus remis les pieds en France depuis quatorze ans – a donc marqué les esprits, de par sa seule présence dans le dojo Hervé-allari. Un lieu réquisitionné presque dans l’urgence. Mais qui, aux yeux du président de la ligue Paca, n’avait rien d’un choix par défaut. « Saint-laurent est un club emblématique, justifie Lionel Gigli. Être ici n’est pas vide de sens. Pour l’ensemble de nos licenciés, c’est un moment exceptionnel. Qui peut, et même qui doit, renforcer leur envie, leurs projets. Toucher la réalité du très, très haut niveau, côtoyer et échanger avec un maître comme Inoue, n’a rien d’anodin. Peu de sports, d’ailleurs, sont capables de proposer ce genre d’initiatives… »
Un moment « magique »
Pour Manu Armitano, ancien champion de France et désormais senseï écouté et respecté au Stade laurentin, l’occasion était belle d’accrocher des paillettes dans le regard de ses gamins. « Pouvoir aller à la rencontre de ce judoka d’exception cimente un peu plus la cohésion en interne, oui, mais offre surtout à nos élèves un exemple à suivre. »
Une vision partagée par Gilles Nahon, responsable du pôle espoirs de Nice, et dont aucun pensionnaire n’aurait raté cet incroyable rendez-vous. « Même ceux qui sont blessés ont fait le déplacement. Tous ont conscience de cette chance incroyable qu’ils ont d’approcher un tel champion, une véritable icône du judo. Ça les fait rêver, bien sûr, et en même temps, ça doit servir à nourrir leurs ambitions. À un mois des championnats de France, c’est forcément positif. » Kosei Inoue, engagé dans le cadre de sa tournée européenne sur trois autres dates en France, continue, lui, de forger sa légende. Alors que Saint-laurent, désigné « Terre de Jeux », s’apprête de son côté à accueillir d’autres stars, venues des quatre coins de la planète, mais cette fois dans l’optique de leur préparation aux JO de Paris… 1. L’entraînement était gratuit et ouvert à tous les licenciés de la région.