Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Un grand témoin de la persécutio­n des juifs à Nice est décédé

- OLIVIER SCLAVO osclavo@nicematin.fr

Féodor Merowka est décédé le 28 février. Christian Estrosi, qui a assisté à ses obsèques au cimetière de l’est le 4 mars, lui a rendu hommage en préambule du conseil métropolit­ain de lundi dernier. Le président de la Métropole Nice Côte d’azur annonçait alors à l’assemblée « la disparitio­n d’un grand témoin de ce qu’a été l’occupation et la persécutio­n des juifs à Nice. [...] Avec lui, c’est une voix de plus qui s’éteint ».

Arrivé sur la Côte d’azur en 1934, Féodor Merowka n’en repartira plus jamais. Ses parents, juifs polonais vivant en Allemagne où est né Féodor, avaient fui via le Liechenchs­tein avant de passer en France et de se fixer à Nice, poussés par la montée du nazisme et de l’antisémiti­sme mortel.

La famille habite la rue Marceau,

son père Joseph et sa mère Golda y tiennent une boulangeri­e, sur l’avenue Malausséna. Le petit Féodor, 7 ans, est scolarisé à Fouont Cauda. « C’est la première plaque qu’on a posée en 2005 », raconte Michèle, son épouse.

Survivant et passeur de mémoire

Car Féodor Merowka est un survivant et un passeur de mémoire. En 2003, il est l’un des fondateurs, avec sa femme Michèle Schlanger-merowka, de l’associatio­n pour la mémoire des enfants juifs déportés des Alpes-maritimes (Amejdam). Lui, le fils de résistant ashkénaze torturé et emprisonné par les Italiens qui s’est caché avec sa famille jusqu’à la Libération à Saintpaul-de-vence, dans une maison isolée, au-dessus de l’endroit où se trouve aujourd’hui la Fondation Maeght. Au sein de l’associatio­n, « il s’est pris au jeu de la recherche, travaillai­t avec Yad Vashem et comparait les listes des enfants juifs déportés dans le départemen­t », éclaire celle qu’il a rencontré « à la synagogue de la rue Blacas » à Nice pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est Amedjam qui va faire poser sur plusieurs établissem­ents scolaires niçois ces plaques commémorat­ives qui rappellent encore aujourd’hui que l’état français collaborat­ionniste a aidé l’occupant allemand à déporter de jeunes élèves vers des camps dont certains ne sont jamais revenus. « Il est intervenu quelques fois dans les écoles mais il n’aimait pas parler de son expérience, continue Michèle Schlanger-merowka. Il trouvait que c’était important que tous ces enfants ne disparaiss­ent pas une seconde fois. Certains n’avaient même pas de photos ».

Un « travailleu­r de l’ombre »

Un homme « discret et très engagé », « au regard très doux », « fondamenta­lement bon et généreux », devenu un médecin après la guerre et « apprécié de ses patients » à Saint-laurent-du-var, puis Roquefortl­es-pins.

« Christian Estrosi est très sensible à tout le travail de mémoire, dévoile l’adjointe au maire et amie de la famille Merowka, Martine Ouaknine. Ila découvert la biographie de M. Merowka qui a toujours soutenu le travail de sa femme. Il a été très touché de découvrir [son] travail de l’ombre et a souhaité lui rendre hommage ».

 ?? ?? Féodor Merowka est décédé le 28 février.(dr)
Féodor Merowka est décédé le 28 février.(dr)

Newspapers in French

Newspapers from France