Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Opéra : dans les coulisses d’un défilé solidaire
Une dragonne de 81 ans, trois anciennes super mamies, des préparatifs, des petits secrets de fabrications : plongée dans les coulisses du spectacle solidaire à l’affiche hier à l’opéra.
Nous sommes allés, hier, à l’opéra, à la 7e édition du spectacle « Les défis d’1 défilé ». Un rendez-vous organisé par la Ville de Nice et le Centre communal d’action sociale (CCAS). Pas sur la scène mais côté coulisses. L’envers du décor. Et on n’a pas été déçus : dans les loges, l’ambiance est loufoque et bariolée. Il y a là des dames tout en rose, des justaucorps, des frous-frous et même une dragonne.
La reine du bestiaire et du vestiaire, c’est Anne-marie, 81 ans. Elle vit au foyer logement Saint-jeand’angély, des appartements prévus pour des personnes autonomes de plus de 60 ans. Il est 15 h 15. Elle poireaute debout depuis bientôt 45 minutes : « On passe en 14e, c’est-à-dire en dernier », renseigne sa copine de scène, Mado, 76 ans, bénéficiaire du CCAS. Quatorze associations et structures sociales (Adoma, Épilogue, AU coeur ouvert, ALC, Entraide et partage etc.) participent à ce spectacle sur le thème du recyclage, un spectacle surtout solidaire.
Un costume de 4 000 capsules de café
Bref, ça va être long avant de se faire applaudir. Et impossible pour Anne-marie, la dragonne, de s’asseoir avec son costume confectionné avec pas moins de 4 000 capsules de café usagées : «Ce n’est pas pliable », s’amuse l’intéressée, dodelinant de la tête sous son masque, « et c’est un peu lourd, mais
çava» , ajoute-t-elle gaillardement. Ça n’a pas été une mince affaire de fabriquer l’habit : « Il a fallu récolter les capsules, les vider, les nettoyer, les écrabouiller….», liste Fabienne, stagiaire à Hetis, la haute école du travail et de l’intervention sociale de Nice-nord, qui a accompagné le projet. Résultat : deux ateliers hebdomadaires
depuis le mois d’octobre pour donner corps et vie à cette dragonne. Pour le pitch, c’est Mado qui s’y colle : avec sa comparse, Nome, 77 ans, elle aussi résidente du foyer joueront « deux femmes asiatiques qui vont pique-niquer. En partant, elles jettent tous leurs déchets par terre », révèle l’actrice. Et d’exhiber un accessoire :
un petit panier empli d’une bouteille d’eau vide, un vieil emballage de cacahuètes et une mignonnette de vin blanc. C’est l’acmé de la saynète : ça déclenche la fureur de la dragonne parce que « les dragons détestent qu’on fasse du mal à la nature » et « aussi parce que c’est l’année du dragon », expliquent les trois femmes.
Trois supermamies et un pyjama
Anne-marie répète et s’entraîne à ouvrir ses ailes d’un air méchant mais elle rit et ses yeux pétillent tellement derrière son masque de journaux que même ses dents faites en cannette recyclées ne suffisent pas à faire très peur. « Bon, mais il y aura une musique appropriée », ponctue Fabienne.
Et tout le monde dans les coulisses se marre et glousse gentiment de ce dragon débonnaire. Ça détend l’atmosphère. Chacun attend son tour de scène dans la plus grande bonhomie. Pas d’esprit compétition juste du partage.
Parmi les participants, un danseur expérimente, Rony, et pas moins de trois ex-super mamies toujours super en forme : Djemilla, Christiane et Noëlle. La dernière étant une « sir-lion », comprendre une créature mi-sirène mi-lion, royale avec sa traîne de sac en plastique. On croise aussi Nadége et Milena, bénéficiaires et bénévoles de l’épicerie Lou pantai de la Fondation de Nice. La première est en pyjama, la seconde est un « papillon magnifique ». Elles viennent juste de se produire. Voilà le tour de la dragonne et de ses deux complices… qui remportent le troisième prix. Le premier prix ex aequo revient aux Pension de famille de la Goutte de lait et à ALC.
Le prix coup de coeur est attribué à la sirène lion d’entraide et Partage.