Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
La rue est à eux le temps d’un après-midi
Jeux, ateliers, livres jeunesse, ambiance musicale et surtout pas de voitures : la sortie des classes, rue Dante à Nice, était festive hier.
Est-ce que tu veux un peu jouer ? - On ne rentre pas à la maison, maman ? - Pas tout de suite. Regarde tout ce qu’il y a ! Tu peux même faire du vélo ! »
La petite fille avance à petit pas, les yeux ébahis. Elle vient de passer la barrière de sécurité installée dans la rue Dante et lâche timidement la main de sa mère. Pas de danger : il n’y a aucune voiture.
Hier, pendant tout l’après-midi, la rue
Dante – entre la rue des Potiers et le boulevard Grosso – a été piétonnisée pour l’opération « rue aux enfants ». Des jeux de quilles, des ateliers de dessin, des parcours vélo, etc. Ici, c’est le royaume des enfants.
« Ça fait du bien d’être tous ensemble »
Une initiative portée au niveau national par l’association Rue de l’avenir et à l’échelle locale par la Ville et l’association Nice à vélo. « C’est très sympa »,
commente la mamie de Charlie qui s’amuse avec un jeu de billes. « Quand on va chercher les enfants à la sortie de l’école, tout est cloisonné : classe par classe, avec beaucoup de sécurité. Là ça fait du bien d’être tous ensemble, de se mélanger. »
Un peu plus loin, une poignée d’élus
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est là pour accompagner le rendez-vous « cro cro génial (sic) » pour Noé, les joues bien rougies par l’effort.
« L’idée c’est vraiment de fréquenter la rue différemment, de s’approprier l’espace. De célébrer le vivre-ensemble aussi », appuie Jean-luc Gagliolo, adjoint à l’éducation. La Ville de Nice vient de recevoir le label « Rues aux enfants, rues pour tous » des mains de Frédérique Predali de l’association parisienne Rue de l’avenir. Symbole d’une reconnaissance de la démarche entreprise par la municipalité. « Nous lançons des appels à initiative et nous sélectionnons ceux qui correspondent à l’esprit de l’association. Notre philosophie ? Nous avons envie que les enfants soient sensibilisés à tout ce qu’ils peuvent faire dehors, avec tout un tas d’activité en autonomie : du jardinage, des ateliers du Code de la route, etc. Nous voulons aussi impulser une nouvelle donne pour repenser l’espace pour les enfants, qu’il soit adapté, sécurisé », résume Frédérique Predali. L’enjeu en filigrane ? « Lutter pour ne pas avoir une génération d’enfants du dedans ». Et alors, que la surconsommation des écrans est au coeur de l’actualité (2), une maman confie que son fils est « complètement accro aux écrans ». Alors pour elle, ce rendez-vous de la rue Dante est « la meilleure des solutions. Il est occupé, il n’y a pas de conflit parce qu’il n’y a pas d’écran ! Il est dans la rue comme je pouvais l’être à son âge ».
Bientôt à Cimiez, au port et à L’ariane ?
Les membres de Nice à vélo, Fernanda et Arianna, ont le sourire. C’est un succès. D’ailleurs, d’autres « rues aux enfants » pourraient fleurir à Nice, notamment près de la place Arson, à Cimiez ou encore à l’ariane. Les enfants de ces quartiers seront peut-être comme la petite fille timide qui n’osait pas passer la barrière de sécurité. Alors qu’une ronde se forme autour des musiciens qui jouent Sur le pont d’avignon, c’est sa maman qui lui tend la main : « On rentre à la maison ? »
1. Richard Chelma, adjoint à la Transition écologique, Gaël Nofri, adjoint à la Circulation, Maty Diouf, adjointe à la Coopération, Isabelle Visentin, adjointe au territoire Coeur de Nice, et Pierre Fiori, en charge des Travaux dans les écoles.
2. Dans une tribune publiée dans Le Figaro, lundi 18 mars, Najat Vallaud-belkacem, ancienne ministre de l’éducation nationale propose de « rationner Internet » en limitant le nombre de « gigas à utiliser quotidiennement ».