Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
La droguerie Danino liquide : fin d’une époque
La célèbre enseigne de la rue Alexandre-mari, également experte en quincaillerie et vaisselle, cesse son activité. Joëlle Danino prend sa retraite et revient sur plus d’un demi-siècle de légende.
Des remises décapantes jusqu’à 80 %. « On ferme… Définitivement à la fin de ce mois », lance Joëlle Danino à une cliente aussi interloquée que désemparée.
« Vous allez nous manquer »,
souffle la dame déjà perdue.
La droguerie Danino, emblématique institution plus que centenaire, 5 et 7 rue Alexandre-mari, cesse son activité à la fin de ce mois. Joëlle a vendu son fonds de commerce sans révéler encore l’identité de son successeur, sauf que ce ne sera plus une droguerie. Alors le bazar de l’hygiène et de la vie quotidienne de l’habitat liquide. Tout. Les produits d’entretien, l’outillage, les corbeilles, les insecticides, les planches à repasser, etc. Avant « La quille »,
comme l’a placardé Joëlle sur la devanture. Une Joëlle sexagénaire et sémillante qui veut profiter de sa retraite : « Cela fait près de 40 ans que je ne sais pas ce que signifient cinq semaines de vacances et j’ai des envies de voyager dévorantes ! »
« Ici depuis 36 ans »
Il est vrai que l’investissement de cette professionnelle très polie mais entière et celui de ses parents n’ont guère laissé de place aux loisirs. Tout pour le commerce familial, tout pour la clientèle, tout pour la qualité. Joëlle raconte cette odyssée qui n’a pas besoin de brosse à reluire pour briller dans l’histoire patrimoniale niçoise. D’abord son père. Elie Danino. «Un représentant en vaisselle arrivé du Maroc il y a une soixantaine d’années. Il a adoré Nice et a souhaité ouvrir une affaire de vaisselle pour maman. » Annie, la mère, s’installe ainsi avenue Thiers, pas loin de la rue Amiral-de-grasse. Suit un essai peu concluant dans la vente de vêtements féminins, boulevard Gambetta. « Un jour, on a atterri rue Alexandre-mari pour reprendre un magasin de vaisselle que l’on a gardé deux ans avant qu’il ne devienne brasserie puis l’actuelle Maison de l’avocat. Il y a 36 ans, nous avons repris ici. C’était Jean-jacques. Une famille niçoise. Davantage une quincaillerie qu’une droguerie. Tout était d’époque. Dans son jus. »
« J’ai toujours opté pour la qualité »
L’affaire, recouvrant plus de 500 m2 de surface, est scindée en deux. « Un premier magasin dédié à la vaisselle, aujourd’hui transformé en magasin d’art et d’antiquités, et, de l’autre côté, un magasin de peinture converti en vraie droguerie traditionnelle. » Un menuisier est venu revoir l’agencement du lieu resté longtemps en l’état. « Il nous fallait
un autre écrin car nous avions un très beau rayon de vaisselle avec des marques connues. » De la vaisselle, un peu d’électroménager
et une triple spécialité dans cette partie de l’établissement : « Plaques à socca en cuivre et étain, verres de lampes, rayon pâtisserie
très pointu. Et sans chinoiserie ! J’ai toujours opté pour la qualité. »