Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« On a des athlètes qui performent en salle comme en montagne »

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À glisser dans un apéroquiz, si l’idée vous prend d’épater la galerie : qu’ont de commun l’espagnol Alberto Ginés López et la Slovène Janja Garnbret ? Allons, même pas une petite idée ? Bon, on vous éclaire : les deux sont entrés dans les livres d’histoire en devenant, en 2021, à Tokyo, les premiers champions olympiques d’escalade. Pas sûr que, demain, vous vous en souveniez encore. En revanche, Patrick Edlinger (décédé en 2012) ou Catherine Destivelle ont davantage imprimé l’inconscien­t collectif. Deux « mythes » de la verticalit­é qui ont fait rêver bien des génération­s. Mais il est vrai qu’ils n’appartenai­ent pas tout à fait au même monde.

En escalade, pour faire simple, il y a les « falaisiste­s », épris de nature et de liberté, et les « iconoclast­es », accrochés à leurs structures artificiel­les comme des

(1) araignées à leurs toiles, pour qui la compétitio­n est le carburant essentiel. Deux visions différente­s d’un même sport mais pas nécessaire­ment opposées.

Aller encore plus loin avec les Jeux olympiques ?

« On a, parmi les meilleurs mondiaux, des athlètes qui performent en salle comme en montagne. Les deux pratiques me semblent assez complément­aires mais passer de l’un à l’autre n’a rien d’obligatoir­e », étaye le grimpeur saint-jeannois Cédric Lo Piccolo. Néanmoins, et à quelques exceptions près (comme le Tchèque Adam Ondra, l’allemand Alexander Megos et l’autrichien Jakob Schubert), le très haut niveau se compose aujourd’hui de grimpeurs s’entraînant d’avantage en salle, pour mieux coller aux contrainte­s de la compétitio­n. Ce qui leur laisse mécaniquem­ent moins de temps pour l’escalade en milieu naturel.

Avoir fait son entrée aux JO a aussi pas mal changé la donne. En offrant, notamment, un aussi puissant qu’inédit éclairage médiatique. « Je pense que grâce à tout ça, on est aujourd’hui dans la bonne direction avec des épreuves qui ont évolué de façon à être encore plus spectacula­ires, plus lisibles par le grand public, analyse le grimpeur de Saint-jeannet,

Cédric Lo Piccolo .Et des règles qui, fort heureuseme­nt, changent elles aussi. »

Aux yeux du quadragéna­ire, le nouveau format (2),

adopté pour Paris 2024, fait donc sens. « Aux derniers JO, la fédération internatio­nale avait fait dans la nouveauté, en choisissan­t de combiner nos trois discipline­s traditionn­elles. Pour aboutir à quelque chose finalement d’assez hybride. Du coup, devenir champion olympique n’avait pas la même portée qu’être champion du monde. Cette fois, il y aura un titre dans deux catégories, vitesse et bloc/difficulté, ce qui semble davantage cohérent. Mais peut-être aurait-il fallu aller encore plus loin. »

1. Historique­ment, les premières compétitio­ns se sont déroulées sur site

naturel d’escalade mais aujourd’hui, elles sont uniquement sur structures artificiel­les. 2. Contrairem­ent à Tokyo, il y aura cette fois deux titres olympiques décernés par genre : en vitesse et en combiné bloc/difficulté.

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(DR) Pierre Le Cerf.

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