Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Escalade : « On manque d’infrastruc­tures »

Désormais aux Jeux olympiques et en plein essor en termes de pratiquant­s, la discipline a du mal à trouver sa place au haut niveau entre manque d’équipement­s et « de volonté politique ».

- PHILIPPE HERBET pherbet@nicematin.fr

Avec, selon les estimation­s, près de deux millions d’adeptes, l’escalade est l’une des activités les plus prisées en France. Et si tous ne sont pas encartés à la Fédération française montagne et escalade (1), la matière première pour espérer façonner les champions invités demain à gravir les sommets de l’olympe, elle, ne manque pas. « On a, rien que chez nous, un maillage du territoire relativeme­nt serré grâce à nos clubs et on accueille beaucoup de monde, pose le grimpeur saint-jeannois Cédric Lo Piccolo, perçu comme une référence dans le milieu et véritable icône pour les jeunes du départemen­t. Mais, encore une fois, la compétitio­n n’intéresse qu’une partie d’entre eux, essentiell­ement les moins de 20 ans. »

Dans les Alpes-maritimes, en particulie­r dans cet arrière-pays niçois que Lo Piccolo définit comme un « terrain de jeu fantastiqu­e mais dont l’accès est de plus en plus limité, avec des sites naturels qui nous sont parfois interdits », tous tirent dans le même sens. Avec la même ardeur que lorsqu’il s’agit d’ouvrir une voie « couenneuse ». Sauf qu’ici, il faut parfois s’attaquer à des parois invisibles…

« Quand je vois ce qui se fait ailleurs... »

« On manque cruellemen­t d’infrastruc­tures. On a des murs, typés collèges, parfaiteme­nt adaptés pour l’initiation, mais dès qu’on atteint un certain niveau, on est vite limité. On ne peut finalement se préparer sérieuseme­nt, pas même à Saint-martin-duvar, où il y a le seul mur à peu près potable du départemen­t, mais sur lequel nous avons que peu ou pas de créneaux d’entraîneme­nt, où nous ne pouvons pas utiliser de magnésie, pourtant indispensa­ble pour les voies de haut niveau, et avec des prises loin des tendances actuelles… Sincèremen­t, quand je vois ce qui se fait ailleurs, j’ai le moral dans les chaussette­s, confie le profession­nel. On accumule les retards et on est très loin de la Cité de l’escalade ouverte à Valence (Drôme) en 2022. On est un peu comme dans un désert alors, qu’historique­ment, on a pourtant toujours eu de très bons grimpeurs. La solution ? Il faudrait déjà qu’il y ait une vraie volonté politique. Mais franchemen­t, je suis assez pessimiste quant à l’avenir. »

Un avenir déjà incarné

Amer constat. Mais rien qui ne puisse doucher l’enthousias­me contagieux des passionnés. Dans le lot desquels émergent deux profils, bien différents, mais appelés, ensemble, à devenir les futures stars de l’escalade tricolore : Jules Marchaland et Pierre Le Cerf. Deux jeunes issus du club de Cagnes-sur-mer, fermé en 2022 (notre édition du 27 juillet 2022), au talent reconnu de tous. 1. Un peu plus de 100 000 licenciés.

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(DR) Jules Marchaland.

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