Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Crue du Paillon ce lycée sera-t-il détruit ?
Après les violentes intempéries du mois de mars, la menace d’une crue du Paillon ravive le débat entourant la destruction du lycée Guillaume-apollinaire.
Détruire le bahut ? OK, il est construit sur le fleuve, mais c’est un peu gros, non ? »
À l’est de Nice, sur le parvis du lycée Guillaume-apollinaire, Adam, en Terminale, ne croit pas trop aux déclarations de Christian Estrosi.
À la suite des violentes intempéries de mars qui ont fait gonfler le Paillon jusqu’à sa cote d’alerte, le maire de Nice a réaffirmé sa volonté de déplacer le lycée de l’est.
« Plus en danger que les autres »
Un brin narquois, Adam précise que « depuis trois ans, il n’y a eu qu’une seule évacuation. Mais les profs nous rappellent souvent qu’on est plus en danger que les autres. »
Un constat difficile à contredire à la vue des eaux enragées qui lèchent presque les voûtes de béton, sous lesquelles se trouve le fleuve.
Dans la lignée des grands chantiers d’acropolis et du Palais des expositions, émerge ainsi le lycée, en 1992. « Une époque où la conscience des risques climatiques demeurait embr yonnaire », commentent de concert Christian Estrosi et Renaud Muselier, président de la Région Sud.
Ils poursuivent : « À présent, la récurrence annoncée des phénomènes méditerranéens [...] oblige à anticiper l’avenir et adapter les infrastructures vulnérables en amont du Paillon. » C’est-à-dire « certainement détruire et déplacer le lycée de l’est », résume le maire de Nice.
Si le projet est fréquemment évoqué, aucuns travaux ni aucune potentielle localisation future n’ont été avancés. Ville et Région assurent avoir exigé «le lancement d’une analyse architecturale dans le cadre de la révision du Plan de prévention du risque inondation et la définition concertée et rapide d’un plan d’action. »
Aucun calendrier avancé
Pas de calendrier, pas d’engagement sur le court terme. La balle serait dans le camp de la préfecture.
Mais voilà que celle-ci a prescrit cette révision depuis mars 2020. Quatre ans pour mettre à jour le plan de prévention du risque inondation (PPRI), évalué pour la dernière fois en 1999.
Il y a un quart de siècle, les prédictions les plus catastrophiques tablaient sur un débit n’excédant pas 750m3/s au niveau du Palais des expositions. Soit moitié moins que le débit constaté dans la Vésubie lors de la tempête Alex. Qu’en est-il véritablement aujourd’hui ? Aucune consultation publique n’est disponible. Il semblerait que les complexes calculs mathématiques qui établissement les cartes d’aléas soient encore en cours.
Une prolongation des délais qui insurge Robert Injey. L’ancien secrétaire départemental du Parti communiste français, s’interroge sur les manquements d’un second document, intitulé « la Métropole Nice Côte d’azur face aux risques climatiques » (1). Édité en juin 2021, ce rapport n’évoque pas les risques liés au Paillon. Ce qui fait spéculer le militant Viva ! : « Pourquoi ? Peur des implications urbanistiques ? Peur que cela remette en cause l’existence de la dalle de béton recouvrant le Paillon ? Peur que les conclusions à venir mettent un coup d’arrêt à la spéculation immobilière ? »
Bien qu’adam ne s’intéresse nullement à ces querelles politiques, l’élève de Terminal a cerné le fond du problème : « D’ici à ce que le lycée soit reconstruit, je crois que j’aurais le temps d’avoir des enfants. » Reste à savoir si ces derniers seront, eux aussi, scolarisés au-dessus du Paillon. 1. Réalisé par le GREC-SUD et édité par Air climat en juin 2021 à la demande de la Métropole.