Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Les écoliers en selle pour la dictée du Tour de France

Hier, parmi la centaine d’enfants réunis pour une dictée spéciale Tour de France, peu nombreux étaient les aficionado­s de la course. Mais font-ils seulement du vélo ?

- ALEXANDRE ORI aori@nicematin.fr

Dérayer ou dérailler, la couyole ou couillole? Rien d’étonnant à ce que la dictée du Tour de France pose quelques colles. Comment les franchir ? C’est comme à l’école, mais avec un maillot jaune en plus. Hier, une centaine d’écoliers niçois, issus de quatre groupes scolaires (1), ont gratté des copies dans la salle du conseil municipal de Nice. Transformé­e pour l’occasion en vélodrome de l’orthograph­e. Un rendez-vous studieux, organisé chaque année par l’amaury sport organisati­on pour les élèves des villes que le Tour de France traverse. L’occasion de rappeler aux élèves de CM1-CM2 que, pour la première fois de son histoire, la mythique course ne terminera pas sa grande boucle à Paris, mais bien à « Nissa la Bella ». Mais si les deux dernières étapes du 20 et 21 juillet se rapprochen­t, nombre de petits Niçois confient ne pas « trop savoir pourquoi c’est important ».

« Ce n’est pas facile d’apprendre à pédaler »

Regardent-ils le Tour à la télé ? Dans les rangs, réponses mitigées, timides. « Pas vraiment, en

fait », s’excuse Issa. « On nous en a parlé en cours. Mais à la maison, on regarde plutôt des séries à la télé », abonde Abdallah. « Moi, je préfère regarder le foot », complète d’emblée son camarade. Qui est encarté dans un club.

Et ça fait toute la différence. Pour s’intéresser à un sport à la télé, encore faut-il le pratiquer en vrai ! Ainsi, à la question de « suivre ou non le Tour », se substitue celle d’une pratique régulière ou non du vélo. Là encore, s’alternent sourires et grimaces. « J’en ai fait, plus petite. Mais le vélo est cassé. Mes parents ne l’ont pas fait réparer », regrette Jana. Juste devant, Shaïna tend l’oreille et rebondit : « J’aimerais en faire, moi aussi. Mais ce n’est pas facile d’apprendre à pédaler et à chaque fois que j’ai essayé, j’ai eu trop peur. » Une table plus loin, bien mieux en confiance, Raphaël exhibe fièrement sa récente cicatrice sur le mollet : « Je fais beaucoup de VTT à Auron. Dans les descentes, ça m’arrive de tomber. » S’il a déjà testé le vélo de route ? « Non, jamais. Je suis quand même déçu de ne pas avoir vu l’arrivée du Paris-nice ».Pour rappel, l’épreuve avait été annulée dans la station le 9 mars, pour des raisons météorolog­iques. Peut-être pourra-t-il se rattraper sur la Prom’ au passage de la caravane du Tour, cet été.

« Plus ça sera sécurisé et plus ça se démocratis­era »

Gérard Holtz l’espère. Improvisé maître des écoles le temps de faire la dictée, le célèbre journalist­e sportif conserve précieusem­ent, avec un large sourire de grand gamin, « la saveur de cette belle fête populaire au bord des routes. Ça a tellement marqué mon enfance. » Mais, visiblemen­t, pas celle du parterre d’écoliers, soupirant après l’épreuve. Décalage génération­nel, culturel ? Le commentate­ur chevronné, observe avec bienveilla­nce : « Génération­nel, je ne pense pas, beaucoup de jeunes suivent le Tour.

Pour la culture du cyclisme, c’est autre chose. Ça n’a rien d’inné de prendre la route sur un vélo. Et quand on voit tous les risques auxquels on s’expose sur la route, je comprends que des parents préfèrent la voiture à la piste cyclable. Mais plus ça sera sécurisé et plus ça se démocratis­era. »

Son voeu, né d’un « coeur en forme de deux roues », ne s’estompe pas dans le brouhaha joyeux des bambins désertant la salle du conseil. Menant la marche « en rang deux par deux », Charlotte Guillon se réjouit que cette histoire de vélo « ne s’arrête pas à une dictée. Grâce au programme

Savoir Rouler à Vélo, deux fois par semaine sur neuf semaines, des instructeu­rs apprennent aux enfants à être autonome sur la route. »

Juste avant le collège et ses sorties entre copains. Juste avant de goûter la liberté, pour la première fois. À bicyclette. 1. Si seules les écoles Régina Coeli, Ronchese, Bischoffsh­eim et Saint-charles étaient présentes en mairie, ce sont au total 53 classes niçoises qui participer­ont à cet évènement, soit près de 1 300 élèves de classes de CM1/CM2.

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(Photo A. O.) Hier, quatre classes ont écouté la dictée de Gérard Holtz.

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