Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Il a travaillé avec Baker : ce musicien fête ses 100 ans
Ce Niçois qui fit danser le monde entier au son de son accordéon, composa au piano, enregistra des disques avec les plus grands artistes, s’apprête à souffler 100 bougies. Rencontre.
Un corps bien droit, une tête bien connectée, une gestuelle véloce pulsée par de longs doigts à l’aise sur les octaves d’un clavier. La forme physique et mentale de Max Covili-marino a de quoi « soufflet ». Soufflet... Comme celui de l’accordéon, son ami d’une vie. Soufflet... Car ce musicien niçois élégamment vêtu de jaune et de bleu, célèbre dans le monde entier, s’apprête à fêter ses cent ans. Très précisément le 5 avril 2024.
Famille de musiciens
Retour sur une vie d’artiste voyageur, confiée dans son bel appartement proche de la zone piétonne. « Marino, c’est mon vrai prénom. Je suis Marino Covili, dit Max Marino, qui est mon nom d’artiste. » D’emblée, les choses sont claires. Sans couac. Validées par Geneviève, 10 ans de moins que son mari. Une jolie blonde qui travailla dans les vêtements de luxe à Paris avant de devenir l’imprésario de son époux. Max-marino naît à Vence. Le 5 avril 1924. Dans une famille d’immigrés italiens. Tous « musicos ». Rosa, la mère est violoniste, Robert, le frère, joue de la contrebasse, Martino, le père, maîtrise à merveille l’accordéon. « C’est lui qui m’a appris cet instrument alors que j’avais 12 ans. Je me suis mis également au piano, mais en tant qu’élève du conservatoire, lequel à l’époque, était à la villa Thiole. » Les parents s’installent à la Madeleine
où ils animent un bar-dancing. Max n’est pas le dernier à faire guincher les clients.
« J’accompagnais Johnny Hallyday »
Dans les années 1940, le quatuor quitte la Madeleine pour l’actuel appartement plongeant sur la place Grimaldi. Le talent du jeune homme lui ouvre divers horizons :
Paris, Megève, Chamonix, Evian...
« Je faisais les saisons dans les grands hôtels et les casinos. J’étais à la fois musicien et compositeur. Toujours à l’accordéon et au piano. Je jouais de tout. »
On le remarque également à Monte Carlo, au Pam Pam à Juanles-pins, à Nice, au Palais de la Méditerranée et au casino de la Jetée Promenade avant qu’il ne
saute sous l’artillerie allemande. Il épouse Geneviève dans les années 1960. Le couple partage son temps entre Nice et Paris. «Àla butte Montmartre, glisse Geneviève. On habitait près des parents de Michel Sardou et de Dalida. » Souvenirs .... Émus, comme ceux, qui émaillent le parcours professionnel de Max : « Lors des saisons, j’accompagnais Johnny Hallyday,
Gilbert Bécaud, Sacha Distel, Georges Moustaki... Ils débutaient. On mangeait tous à la même table. »
À l’olympia avec la vedette du music-hall
Fiers, ensuite, lorsqu’il évoque Joséphine Baker : « Lors de ses adieux à l’olympia, elle a interprété deux morceaux que j’avais créés pour elle, dont Voilà Paris .»
Reconnaissants, enfin, quand il évoque un ami imprésario d’orchestres de jazz lui permettant d’enchaîner des galas aux côtés de gens célèbres, comme Claude Bowling. C’est le temps du succès, de la composition musette, rock variété..., des grandes salles : Wagram, la Mutualité, etc.. Des disques aussi : « J’en ai enregistré une centaine chez Carrère, Philips, Monde Melody... Ils se sont vendus dans le monde entier jusqu’au Japon et sont toujours sur Youtube. »
Retour définitif à Nice, dans les années 1980 : « Je faisais les aprèsmidi à l’accordéon, rue de France, au Capitole, rue de La Tour. Il y avait un monde fou et une ambiance formidable. »
Aujourd’hui, la musique, pianotée ou soufflée, Max se contente de l’écouter. Bon pied bon oeil malgré tout. Et sans secret particulier : « Je n’ai jamais fumé, j’ai aimé le Ricard et je peux manger des pâtes tous les jours. Je ne suis pas compliqué... »