Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Permettre aux femmes de déménager en toute sécurité
Du déménagement au stockage des affaires jusqu’à l’installation dans un nouvel appartement, l’équipe de l’association « Une voix pour elles » soutient les femmes qui fuient la violence de leur conjoint. Une aide logistique clé pour lever les freins au départ. Cette initiative lancée il y a trois ans a permis à plus de 350 femmes, dans les Alpes-maritimes et le Var, de déménager en toute sécurité.
Siège bébé, chaises, table et cartons remplis à la hâte, de peur que son conjoint n’arrive. La vie de Lucie tient
(1) dans ce box de stockage de 12 m3. « J’espère que ça va aller », glisse la menue jeune femme. À ses côtés, Zoulikha, accompagnatrice sociale de l’association azuréenne « Une voix pour elle », la rassure : « Tout va bien se passer. »
Une fourgonnette et trois personnes
Il y a un mois, cette mère de trois enfants décide de fuir, pour se mettre à l’abri de la violence de son conjoint. Mais déménager lui semble alors insurmontable.
« Quand j’ai décidé de partir, ma plus grande inquiétude a été d’effectuer un déménagement avec mes trois enfants, toute seule, rembobine-t-elle. Je ne voyais pas comment faire, où je pourrais mettre mes meubles, mes affaires. » Elle appréhende aussi de croiser son conjoint.
Elle s’ouvre de ses inquiétudes à son assistante sociale, qui lui parle du dispositif
« On bouge ». Un déménagement d’urgence gratuit, organisé par l’association « Une voix pour elles ».
Sans attendre, Lucie les contacte. Et mi-février, Mohamed, Ethan et Zoulikha sont à ses côtés pour déménager ses affaires, dans son domicile à Nice. En toute sécurité. « J’appréhendais ce déménagement. Heureusement qu’ils étaient là. Ils m’ont aidé, rassuré. Je ne me sentais pas seule. Et je savais que si Monsieur était arrivé, ils auraient appelé la police. »
Des boxes pour stocker les affaires
La fourgonnette remplie, ils mettent le cap vers un entrepôt de la région niçoise où l’association a installé des boxes. C’est là que les affaires de Lucie sont stockées. « Nous en avons 13 en tout, 10de12m3et3de8m3 , explique
Loëtitia Mas, co-fondatrice et directrice de l’association. Elles peuvent y entreposer gratuitement leurs effets personnels et ceux de leurs enfants, le temps qu’elles soient relogées. »
Le dispositif « On bouge » est né en 2021 dans les Alpesmaritimes. « Nous avions commencé par distribuer des kits d’hygiène dans les hôtels où les femmes victimes étaient logées en urgence. Nous étions ainsi au plus près de leurs besoins. Un jour, l’une d’entre elles nous a dit : “Aidez-moi à aller chercher mes affaires parce que si j’y retourne seule, j’y reste.” »
« Merci pour tout »
Tout est parti de là. «Ona voulu répondre à ce besoin, apporter une aide logistique pour lever les freins au départ. » Et éviter de nouveaux drames.
Si Lucie est logée depuis dans un appart’hôtel, elle se projette vers l’avenir. « Les aînés viennent de reprendre l’école, et demain j’ai rendezvous pour faire le dossier de demande d’appartement. » Pour cela, elle doit récupérer ses papiers.
À Zoulikha, elle confie son angoisse de ne pas les retrouver. « Je ne me souviens plus où ils sont. J’espère que je les ai pris le jour du déménagement… » Zoulikha l’aide à ouvrir ses cartons, trier ce qu’elle veut emporter. « Les enfants m’ont demandé l’appareil à tacos », sourit-elle timidement. Avant de poursuivre la quête du dossier. « Ça y est, je l’ai. » Elle tend victorieuse les papiers. Embrasse Zoulikha.