Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Cette chapelle à l’histoire singulière renaît
Datant du Moyen Âge, la petite chapelle Sainte-anne a traversé les siècles. Et les tribulations, dont l’épisode récent où il avait été tagué. Rénovée, elle raconte une histoire vibrante.
Àl’angle des avenues de Flirey et du Monastère, la chapelle Sainte-anne a ressuscité. Comme par miracle. Totalement rénovée, en tout cas de l’extérieur, elle domine ce croisement de Cimiez. Comme avant, ainsi que le rappelle frère Sergio du monastère de Cimiez tout proche : « Quand elle était lieu de rassemblement pour tous les pénitents de la ville participant au pèlerinage de printemps jusqu’au monastère, en remerciement pour les beaux jours arrivant... » Et le franciscain bénit le minuscule édifice érigé en hommage à celle qui serait la mère de Marie et donc, la grandmère de Jésus. Et très liée au culte des franciscains.
Tags antisémites
Un toit de tuiles rondes. Sur les murs, un duo d’ocres, tantôt jaune, tantôt saumon. Des trompel’oeil verticaux simulant des cannelures. Sur le fronton triangulaire, l’oeil divin, le regard de la providence et dessous, un livre ouvert, symbole de sainte Anne et de la connaissance. Un adorable édicule vieux de plusieurs siècles, car il date du Moyen Âge. Plusieurs fois restauré. Récemment meurtri, comme le rappelle Christian Estrosi : « Le 18 août 2023, on retrouve cette chapelle souillée et taguée. » Des
tags d’inspiration antisémite ont lacéré la vieille façade. « Je me suis tourné vers le service des bâtiments communaux afin d’enlever ces inscriptions. Et puis, je me suis dit que si on nettoyait la chapelle, on pouvait aussi lui redonner un certain lustre dans la
même tonalité que le monastère voisin. » La direction des patrimoines entre à son tour dans la boucle de la renaissance. Des études, des recherches fouillées sont diligentées. Les travaux durent sept mois, bénéficiant d’un suivi archéologique et de
l’aval de l’architecte des bâtiments de France.
Du plomb protecteur
Concrètement, dès le mois de septembre dernier, le chantier d’un montant avoisinant les 100 000 euros financés par
la Ville, a permis de refaire tout l’extérieur et le couvert. « Une restauration selon le dernier décor en place remontant aux années 60, précise une technicienne du service municipal compétent. Avec des enduits à la chaux, des décors peints faits de badigeons a fresco. On est revenu aux couleurs d’origine. D’autre part, afin de mettre la chapelle hors d’eau, la couverture a elle aussi été refaite. Une couverture en plomb court tout le long du fronton et au niveau du soubassement de la porte en bois, désormais protégée des fortes pluies. Cette chapelle n’est pas inscrite aux Monuments historiques, mais elle a été traitée comme si elle l’était. » Concernant la croix métallique sommitale de l’édifice, un archéologue a émis l’hypothèse que la base de celle-ci a pu être arrachée lors d’un bombardement en 1944, puis replacée à côté des restes métalliques.
L’intérieur suivra
Et ce n’est pas fini. La réfection de l’intérieur de style néogothique du XIXE siècle, devrait suivre après de nouvelles recherches à entamer. Un intérieur de maison de poupée, où, sous un ciel bleu pâle, parsemé d’étoiles d’or, seul un autel trône. Ainsi qu’une plaque de marbre en hommage à des soldats niçois morts pour la France en Lorraine et qui rajoute une touche émouvante à cette construction, consacrée, mais où pourtant, aucun office n’aurait jamais été célébré.