Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Flirey, ce village de Lorraine, où tombèrent 1 500 soldats niçois
Derrière une construction simple et sans chichi, la chapelle Sainte-anne dévide les perles d’un chapelet incroyable. « Une histoire singulière, insiste le maire de Nice, pour cette chapelle qui est l’une des plus anciennes répertoriées dans notre cité... »
On situe le bâtiment au XVE siècle. Il fut probablement d’abord un oratoire, transformé ensuite en chapelle par les franciscains lors de leur installation, au XVIE siècle, à quelques mètres de là. Des moines très imprégnés par le culte de sainte Anne.
Un legs à la Ville en 1945
Au fil du temps, la chapelle se retrouve imbriquée dans une copropriété mitoyenne. Laquelle concède par un legs, l’édifice à la Ville en 1945. On aurait pu en rester là. Mais non... « La chapelle incarne aussi notre fraternité avec Flirey, petit village de Meurthe-et-moselle », poursuit le premier magistrat. Et il raconte. En 2005, alors ministre de l’aménagement du territoire, Christian Estrosi traverse un carrefour en Moselle. Il est en voiture avec le préfet du coin. « Je vois un vaste monument à côté d’une église. Je demande au préfet de faire demitour... J’avais bien vu un aigle. Celui de Nice, apposé sur ce monument. Survolant une inscription indiquant qu’ici, en septembre 1929, le président de la République, Albert Lebrun, le maréchal Pétain, alors général en chef des armées françaises et le député-maire de Nice, Jean Médecin ont financé ce monument en mémoire de soldats niçois et maralpins tombés à Flirey, en terre de Lorraine, entre 1915 et 1916 ! »
Face à ce monument, il y en a un autre. Dédié à la mémoire des Américains, eux aussi morts au front. « Le leur était superbement entretenu. Le nôtre, en revanche, était dans un état désastreux, se souvient Christian Estrosi. J’ai demandé à rencontrer le maire de Flirey, qui a confirmé qu’un régiment américain et un régiment niçois étaient mobilisés là et que tous les soldats avaient été massacrés. Dans un champ voisin, 1 500 croix évoquent d’ailleurs les soldats de Nice et des villages de l’arrièrepays du 163e régiment d’infanterie de Nice et de Provence... Notre conseil municipal a voté une subvention pour refaire notre monument à Flirey, mais en échange, j’ai invité mon homologue à poser une plaque commémorative dans la chapelle Sainteanne... »
Elle y est. Fixée en 2013 sur l’autel. Dehors, des anciens combattant, des porte-drapeaux s’inclinent et la musique de la garde municipale entonne La Marseillaise. Le goupillon de frère Sergio asperge « ce lieu qui nous rappelle la recherche de la paix ». Les riverains approuvent le message de